Soutien aux luttes du peuple malien

Soutien aux luttes du peuple malien

solidaritéS soutient la lutte des mineurs d’or de Morila au Mali, victimes d’une répression brutale. A ce jour, nous avons commencé à récolter des dons pour contribuer à la défense juridique de 9 d’entre eux, incarcérés arbitrairement depuis 10 mois. Nous avons profité du passage à Genève d’Oumar Mariko, secrétaire général du parti SADI (Solidarité africaine pour la démocratie et l’indépendance), très engagé dans les mobilisations sociales en cours, pour lui poser trois questions*.

Quels sont les principaux foyers de lutte populaire aujourd’hui au Mali?

D’abord, la résistance des mineurs d’or de Morila soumis à une exploitation brutale de la part de multinationales comme Anglogold, Rangold et Bouygues. Ensuite, les mobilisations paysannes de l’Office du Niger, un périmètre irrigué dans le delta du fleuve Niger, près de Ségou, que l’Etat malien réoriente actuellement vers l’agrobusiness du coton, en tentant d’expulser les petits paysans sous tous les prétextes. 35 000 petites exploitations, qui font vivre peut-être 350 000 personnes, sont visées! Enfin, les différentes résistances aux privatisations/libéralisations et à leurs conséquences, que ce soit dans les chemins de fer ou dans l’industrie (Huile cotonnière du Mali, HUICOMA).

Comment réagissent les autorités et les organisations de la société civile?

Partout, le gouvernement durcit la répression. L’incarcération arbitraire des mineurs de Morila n’est pas exceptionnelle et fait même tache d’huile. Licenciements, amendes, incarcérations, humiliations, agressions physiques sont le lot commun des travailleurs en lutte. A leur côté, le réseau de radios communautaires Kayira, la Ligue pour la justice et le développement des droits de l’homme, ainsi que le parti SADI tendent d’organiser la solidarité. Malheureusement, les mouvements altermondialistes maliens, comme le FORAM (Forum pour un autre Mali) d’Aminata Traoré ou le CAD-Mali (Comité des alternatives dette et développement) de Barry Aminata Touré ne s’engagent pas résolument aux côtés des mouvements populaires, qui restent très isolés.

Que pouvons-nous faire ici en Europe?

Faire connaître et soutenir les luttes populaires en cours. Inciter le mouvement altermondialiste à ne pas s’enfermer dans l’atmosphère feutrée des forums, mais à se lier aux forces sociales qui luttent sur le terrain contre le nouveau partage de l’Afrique. (réd.)

* Cet interview n’a pas pu être relu par Oumar Mariko.