Grèce: Les étudiant-e-s en masse dans la rue

Grèce: Les étudiant-e-s en masse dans la rue

La Grèce connaît son plus important mouvement étudiant depuis les années 1970, contre un projet de loi du gouvernement actuel de droite prévoyant:

  • la création de facs privées (la constitution sera modifiée pour lever l’obstacle à ce niveau…),
  • le fonctionnement des facs selon les critères de management du secteur privé,
  • la remise en cause de «l’asile universitaire» (impossibilité pour la police d’intervenir sur le campus sauf accord des conseils d’administration des universités),
  • la réduction drastique de la possibilité pour les étudiants de repasser des examens et de progresser d’une année à l’autre.

Ce projet met en application les directives européennes sur la libéralisation des services et de l’éducation. Les appétits capitalistes sont les mêmes en Grèce qu’en France et ailleurs: précarisation, privatisation, tout est bon pour faire du pognon.

Tous les ingrédients sont réunis pour renforcer le rôle de sélection sociale de l’école en société capitaliste. Une école de classe, où l’accès au savoir est réservé à la bourgeoisie, qui n’aurait plus pour d’autre fonction que la reproduction à l’identique des inégalités sociales.

L’Etat, en Grèce comme en France, est le fer de lance de cette politique capitaliste, et n’hésite pas à se servir de la matraque pour imposer les choix du patronat.

Le jeudi 8 juin, une manifestation nationale réunissant plusieurs dizaines de milliers d’étudiantes et d’étudiants, rejoints par des travailleuses et travailleurs, a ainsi été violemment réprimée à Athènes, coupée en deux par la police. A la clef: un blessé grave, à l’hôpital dans un état critique.

Actuellement, 354 départements académiques sont occupés, donc la quasi-totalité de l’enseignement supérieur est paralysée (Facs et IUT). Les enseignants, conformément aux consignes de leur puissant syndicat POSDEP, votent, assemblée par assemblée, en faveur de la proposition de grève illimitée. Le mouvement se structure autour des Assemblées Générales par département et de coordination d’AG par ville. Il exprime un rejet radical de la logique de privatisation de l’enseignement supérieur, dans un milieu qui n’a pas connu de mobilisation importante depuis une quinzaine d’années. Par son ampleur, il n’est d’ores et déjà comparable qu’avec le mouvement (victorieux) de l’occupation de l’Ecole polytechnique du 17 novembre 1974 qui avait durablement marqué toute une génération.