L’équation de trop

L’équation de trop

Quand une Conseillère d’Etat radicale et un Conseiller d’Etat de l’UDC se penchent sur le travail clandestin, qu’est-ce que ça donne? Une équation vieille comme la xénophobie: travailleurs clandestins = chômage à la hausse, coûts pour la collectivité et dumping salarial. Et la haute administration cantonale emboîte le pas: quand on suggère au chef du Service de l’emploi, Roger Piccand, que la situation sur le marché du travail est d’abord le résultat de l’action des entreprises, la réponse fuse «Vous faites là de la politique et non de l’économie» (La Liberté, 17.03.06).

De la politique, les initiateurs et les initiatrices de la Lettre ouverte aux deux magistrats ont donc décidé d’en faire, pour protester contre ces affirmations frauduleuses. Cette lettre se trouve sur le site du Collectif vaudois de soutien des sans-papiers (www.sans-papiers-vd.ch/) d’où elle peut-être téléchargée. Les premiers signataires, des responsables politiques et syndicaux et des personnes engagées dans la défense des sans-papiers, vous disent donc, et nous les suivons volontiers: Signez et faites signer!

Madame la Conseillère d’Etat,
Monsieur le Conseiller d’Etat,

Vous avez annoncé mi-mars 2006 que le Conseil d’Etat entendait renvoyer les travailleuses et travailleurs sans statut légal (les sans-papiers) séjournant et travaillant dans le canton de Vaud. Vous les rendez notamment responsable, avec d’autres catégories d’immigré-e-s, du fort taux de chômage dans le canton et du dumping salarial. Vous prétendez que les sans-papiers ne paient ni impôt ni cotisations sociales et qu’ils génèrent des coûts importants pour les collectivités publiques.

Ces accusations sont mensongères. Elles visent à créer des boucs émissaires et à développer les préjugés xénophobes. Elles passent sous silence le fait que les sans-papiers, comme tous les immigré-e-s, participent à la création de la richesse à l’endroit où ils vivent. Ils paient leurs impôts et des cotisations sociales dont ils ne peuvent souvent pas bénéficier.

C’est avec ces travailleuses et travailleurs sans-papiers, à leur côté, que les personnes soussigné-e-s

  • dénoncent cette tentative de rendre responsable les «étrangers» des difficultés que rencontre un nombre croissant d’habitant-e-s de ce canton, alors qu’elles sont dues en particulier à la politique de régression sociale mise en œuvre ces dernières années;
  • expriment leur soutien aux sans-papiers qui, dans leur immense majorité, vivent et travaillent comme n’importe lequel d’entre nous, paient leurs impôts et leurs cotisations sociales, envoient leurs enfants à l’école et voient leur prime d’assurance-maladie augmenter chaque année;
  • s’opposent au renvoi des sans-papiers et réaffirment que la seule solution au «problème du travail clandestin» est la régularisation collective de tous les sans-papiers qui vivent et travaillent parmi nous.

Premiers et premières signataires:
Patricia Ayllon; Sandrine Bavaud; Jean-Marie Béguin; Jean-Michel Dolivo; Georges Grbic; Marianne Huguenin; Jean Kunz; Thierry Luisier; Anne Papilloud; Jean Queloz; Yvan Ritz; Massimo Sandri; Philippe Sauvin; Christophe Tafelmacher; Josef Zisyadis.