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Genève
Cadeaux aux propriétaires...Muller persiste et signe!
Le 17 mai, au nom du Conseil dEtat genevois, le nouveau magistrat libéral Mark Muller étalait en exclusivité- dans la Tribune de Genève, son «pari fou pour relancer le logement» comme le titrait ce quotidien. A y regarder de plus près, pas de miracle, lancien avocat des propriétaires immobiliers nest pas si fou que ça. Et malgré ses discours sur le dépassement des contradictions gauche/droite, il reste dans les rails dune politique de cadeaux aux propriétaires et pousse à la spéculation et à la hausse des loyers.
Le jour même du scoop de la Tribune, solidaritéS réagissait par une lettre ouverte au Conseil dEtat, dénonçant en particulier la décision scandaleuse du gouvernement cantonal de faire passer le prix des terrains contrôlés par lEtat.
Dans cette première réaction nous écrivions: «Ce quaucun gouvernement à majorité de droite na osé faire à Genève, vous venez de le décider, soit de faire monter le prix des terrains contrôlés par lEtat en troisième zone de développement de 650 Fr/m2 à 1000 Fr/m2.
Comme vous le savez, aujourdhui, limpact du prix des terrains sur toutes les constructions de logements, est de lordre de 15 à 20%. Votre décision daugmenter de 54% le prix de référence fera passer limpact du prix des terrains sur toutes les constructions dans cette seule principale zone constructible dans une fourchette comprise entre 21 et 28% ce qui serait catastrophique du point de vue des plans financiers, tant pour les HBM, HLM que pour le secteur des loyers libres.
Ainsi, votre Conseil vient de privilégier dans cette zone la construction de logements en propriété par étage (PPE), au détriment des revenus plus modestes.et de la classe moyenne.
Pour ce qui concerne les bas revenus, qui peuvent aujourdhui accéder à des loyers bons marchés, si votre Conseil veut maintenir laccessibilité aux HBM, lEtat devra les subventionner à coups de millions supplémentaires, pour compenser les cadeaux qui sont faits aujourdhui aux propriétaires de villas.
Nous sommes tout aussi surpris que votre Conseil soutiendrait une politique qui viserait à renforcer la capacité constructive de notre canton en matière de logement bon marché en prétendant en vouloir 15%, soit 27 000 logements, alors quaujourdhui, ils ne sont que 13 500 environ. Au regard de ces 13 dernières années, qui ont vu se construire seulement, dans le système HBM, 200 logements par année, soit en tout 2600 logements cette prétention relève de la poudre aux yeux. En effet, si lon additionne sur trois ans les 200 logements par an construits par les fondations HBM et les 30 immeubles de la fondation de valorisation que lEtat rachèterait, correspondant à 450 logements environ, on est bien loin du compte annoncé dans le cadre du marché de dupes proposé par Monsieur Mark Muller.
Comme nous lavons toujours proposé, seule une politique volontariste de construction sur les terrains déclassés, par exemple à Frontenex La Tulette, imposant des densités de 0.8 à 1.2 (densité tout à fait vivable) pourrait mettre à disposition de la majorité de la population de véritables logements bon marché, ce que manifestement Monsieur Mark Muller se refuse à faire, en privilégiant les intérêts des propriétaires de villas, des futurs acquéreurs de logements en PPE et des communes les plus riches du Canton.»
Un autre aspect de la décision du Conseil dEtat, outre la question du prix des terrains évoqué dans la lettre ci-dessus, porte sur le fait que, désormais, dans les zones en question, le prix de rachat de villas ne tiendra plus compte de la vétusté de lobjet immobilier, quelle quelle soit, mais de... sa valeur à neuf! Un supplément au cadeau aux propriétaires que nous dénonçons et une charge supplémentaire pour déventuels futurs locataires! Plutôt que faire primer le besoin urgent de logements à Genève sur les droits des propriétaires en utilisant par exemple linstrument démocratique de lexpropriation, qua osé évoquer dans ce contexte à juste titre le secrétaire général de lAsloca1.
Pierre VANEK
1.Interview de Carlo Sommaruga, dans Le Courrier du 27.05.06
Carlton, Rhino... Mark Muller semmêle les pinceaux!
Mercredi 18 mai... cétait un anniversaire! Lanniversaire, peu glorieux pour lEtat de Genève, de lévacuation des occupant-e-s de l«Hôtel Carlton» par la police, sous les ordres de la conseillère dEtat libérale Micheline Spoerri.
Le collectif des occupant-e-s avait en effet eu le «mauvais de goût» de penser que Genève plutôt que dun nouvel hôtel de luxe avait besoin de logements pour jeunes en formation et personnes à bas revenu, affectation à laquelle se prêtait parfaitement cet immeuble vide, avec ses 120 studios habitables de suite, tous équipés dune salle de bain et dune cuisine.
Pour poursuivre malgré leur éviction forcée la défense de cet intérêt public légitime, les membres du «Collectif Carlton» avaient ensuite réalisé un double exploit démocratique: récolter en une vingtaine de jours plus de 10 000 signatures pour bloquer la vente du Carlton (propriété de la fondation de valorisation des actifs de la BCG) et... gagner la votation populaire découlant de leur référendum, quelques mois plus tard, en obtenant quune majorité des électeurs-trices appuient leur point de vue. Mais, depuis, le Carlton reste désespérément vide...
Pour dénoncer cette lenteur inadmissible des autorités et marquer lanniversaire de leur évacuation, les ex-occupant-e-s du Carlton ont organisé ce jour là une mini-manif en forme de «course descargots», entre le Carlton... et l«Hôtel California», également aux Pâquis lui aussi vidé il y a deux ans de ses habitant-e-s, au bénéfice dun contrat de confiance, sous prétextes de travaux... qui nont toujours pas démarré.
Le 24 mai, ce sont les habitant-e-s de RHINO qui se sont fait entendre en dénonçant publiquement la mascarade du «relogement» proposé par lEtat de Genève aux habitant-e-s de ce haut lieu genevois du logement communautaire et de la vie culturelle alternative. On leur propose de «partir gentiment» et daccepter dêtre exilés au fond de la campagne genevoise, à Loëx, dans un lieu parfaitement inadapté tant à leur projet dhabitat quau activités culturelles et sociales dont RHINO est le cadre.
Suite à ce refus poli de RHINO, la Tribune de Genève encore elle! révélait la dernière proposition de «deal» du Conseiller dEtat Mark Muller. Voici ce que rapporte le quotidien genevois: «Quittez Rhino, dit-il en substance à ses occupants, et je ferai avancer le dossier du Carlton»! La ficelle est grosse et traditionnelle, on joue les uns contre les autres, mais laveu, lui, est de taille! Par cette proposition malhonnête, Muller admet quen létat, il ne fait PAS «avancer le dossier» du Carlton, en clair que le blocage est volontaire. Or sur le Carlton, les citoyen-ne-s ont pourtant tranché! Encore une fois, Mark Muller démontre quil reste, dans les petites choses comme dans les grandes, fidèle à ses engagements... de défenseurs des propriétaires, de celui des immeubles de RHINO en loccurrence. (pv)
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