AIEA – OMS: liaisons dangereuses

AIEA – OMS: liaisons dangereuses

L’OMS a tenu, du 22 au 27 mai, sa 59ème Assemblée mondiale. A cette occasion, ContrAtom a organisé un pique-nique contestataire devant le siège genevois de cette institution onusienne. Anne-Cécile Reimann, présidente de l’association antinucléaire nous a expliqué pourquoi.

Nous nous sommes retrouvés devant l’OMS pour protester contre:

  • Le rapport «définitif» établi par le Forum Tchernobyl au mois de septembre 2005. En effet, selon ce rapport de l’AIEA (Agence Internationale de l’Energie Atomique) cosigné par l’OMS (Organisation Mondiale de la Santé), le bilan de la catastrophe de Tchernobyl se résume à 56 morts et 4000 cancers de la thyroïde, dont 99% sont guéris!
  • Le rapport de l’OMS d’avril 2006 qui, bien qu’il revoie ces chiffres à la hausse, prédit que le bilan de Tchernobyl se résumera à 16 000 décès et que l’on peut très bien vivre en zone contaminée, les gens atteints dans leur santé étant des malades imaginaires souffrant surtout de maux psychosomatiques, provoqués par l’angoisse, le stress et l’incertitude et non par la radioactivité.

Pour ContrAtom, comme pour de nombreuses associations environnementales, ces chiffres sont largement sous estimés. De telles évaluations «officielles» donnent à penser que le nucléaire ne représente pas un grand danger et qu’on peut envisager sereinement un avenir nucléarisé.

Au-delà de la controverse sur le nombre victimes, nous protestions contre les affirmations laissant penser que dans les régions contaminées, les niveaux de rayonnements sont pour la plupart redevenus acceptables et que si l’on prend certaines précautions, on peut très bien y vivre sans danger. «Dans la plupart des zones concernées, les problèmes sont économiques, psychologiques, pas sanitaires ni environnementaux» nous dit-on!

L’équipe d’experts internationaux n’aurait trouvé, toujours selon les rapports incriminés, aucune indication d’une augmentation de l’incidence de la leucémie et du cancer chez les habitant-e-s affectés par la catastrophe de Tchernobyl. Aucune indication d’une diminution de la fertilité parmi les populations touchées, ni d’une augmentation des malformations congénitales! L’impact de la catastrophe sur la santé mentale serait le plus grand problème de santé publique que l’accident ait provoqué!

Nous sommes révolté-e-s par de tels propos! Indigné-e-s aussi par le fait que l’AIEA se mêle de produire des rapports sur les conséquences de la radioactivité sur la santé humaine alors que sa mission est de promouvoir l’énergie nucléaire dans le monde et d’accélérer son développement. Cette aberration découle des liens étroits unissant l’OMS à l’AIEA, en vertu de l’accord controversé passé en 1959 entre les deux organisations! Nous demandions une nouvelle fois, ainsi que nous l’avions déjà fait à trois reprises, en février 2001, en mai 2001 et en mai 2002, appuyés alors par une pétition de près de 3000 signatures, que l’OMS reprenne ses droits sur l’information concernant les effets de la radioactivité sur la santé sans être soumise au contrôle de l’AIEA.

Cette revendication est d’autant plus actuelle aujourd’hui que la banalisation du risque nucléaire sert la tentative du lobby atomique de relancer une nouvelle génération de réacteurs atomiques. Heureusement, le mouvement antinucléaire repart lui-aussi: la grande manif de Cherbourg le mois dernier l’a montré, notre action s’inscrit dans cette relance. Pour nous aider: rejoignez ContAtom! (Contacts et infos sur www.contratom.ch)

Anne-Cécile REIMANN