Luttes paysannes et jonction ville-campagne

Luttes paysannes et jonction ville-campagne

Ce 29 avril le syndicat paysan Uniterre, nous invite tous-toute à déguster discuter et rêver d’une agriculture et d’une alimentation de proximité au Parc Gourgas, dans le quartier de la Jonction à Genève.*

Depuis 2001, Uniterre commémore la journée internationale des luttes paysannes. En 1996, alors que se tenait la deuxième conférence internationale de Via Campesina, 19 paysans sans terre du Brésil ont été tués. Via Campesina a décidé de commémorer cet événement et d’en faire une journée mondiale de lutte. Uniterre, membre de Via Campesina relaie l’événement en Suisse.

Cette année encore, Uniterre sera présent à Genève avec pour célébrer avec les citadin-e-s cette journée des luttes paysannes. Uniterre a choisi le quartier de la Jonction qui était, à l’époque, la zone maraîchère qui nourrissait Genève; les noms de nombreuses rues du quartier témoignent de cette période aujourd’hui révolue. Quartier vivant, abritant de nombreuses associations, le quartier de la Jonction est un excellent lieu pour renforcer le dialogue ville-campagne. La Maison de Quartier s’est associée avec enthousiasme à ce projet. Cette journée, intitulée «Jonction Ville-Campagne» aura lieu samedi 29 avril de 9h à 15h.

Les échanges locaux au centre

Uniterre a fortement contribué au développement du débat sur la souveraineté alimentaire en Suisse. Au vu des interprétations «folkloriques», voire des récupérations partielles de ce concept, il est indispensable de poursuivre la campagne d’information. Nous sommes également convaincus que le dialogue entre les familles paysannes et la société doit se renforcer. Les accords de l’OMC ont comme conséquences que les producteurs-trices comme les consommateurs-trices sont complètement dépossédés d’un quelconque pouvoir de décision sur le type d’agriculture et d’alimentation qu’ils désirent. Beaucoup de temps et d’énergie ont été investis pour combattre ces accords et il faut maintenant passer à la recherche d’alternatives, tenter de «se passer de l’OMC» et recréer de nouvelles formes d’échanges entre producteurs-trices et consommateurs-trices.

A l’heure où nous sommes abreuvés par des accords multilatéraux, bilatéraux ou sectoriels de libre-échange, recentrons nos actions sur la région. Défendons le droit à la souveraineté alimentaire, le droit de donner une priorité à la production pour les consommateurs-trices locaux plutôt que pour l’exportation, le droit de se protéger contre les prix de dumping. Nous ne sommes pas contre les échanges commerciaux. Au contraire, nous voulons plus d’échanges, mais des petites quantités à des prix rémunérateurs, circulant sur de petites distances; alors que l’OMC veut moins d’échanges en nombre, mais un maximum de quantité à un prix minium.

Plus d’échanges c’est aussi l’occasion de dialoguer entre consommateurs et producteurs. Il est réalisable de discuter de prix qui soient équitables pour toute la filière agro-alimentaire et non seulement pour les intermédiaires. Les familles paysannes et les employé-e-s doivent pouvoir vivre de leur métier et les consommateurs-trices doivent pouvoir avoir accès à des denrées de qualité, à des prix corrects. Les projets d’agriculture contractuelle de proximité ont permis d’initier ce dialogue, de fixer à l’avance le prix, le type de production et la qualité des produits par le biais d’un contrat payé à l’avance.

Vers de nouveaux projets…

La journée du 29 avril sera l’occasion de présenter aux habitant-e-s et à la presse, les idées issues de ces réflexions qui sont porteuses de nombreux bourgeons qui ne demandent qu’à éclore. Les différentes initiatives d’agriculture contractuelle qui émergent un peu partout en Suisse romande seront également présentées. Comme chaque année, les syndicats ouvriers, ainsi que la Fédération romande des consommateurs-trices, seront également conviés à cette journée dans l’optique de poursuivre nos réflexions communes.

Voici donc une occasion rêvée pour que les consommateurs et les familles paysannes se retrouvent autour d’un repas cuisiné à base de produits locaux; qu’ils puissent discuter ensemble de l’agriculture et de l’alimentation qu’ils souhaitent, qu’ils envisagent des projets entre la Jonction et cette campagne si proche, mais qui parait parfois si lointaine. Si les habitant-e-s du quartier et les familles paysannes ont un intérêt commun de se retrouver à cette date, ce sera surtout un beau défi d’imaginer de nouveaux liens possibles entre le quartier et la campagne. Parmi les propositions, un marché paysan des quatre saisons à la Jonction semble réalisable avec le soutien de la Maison de Quartier. Le premier test aura lieu le 25 mai, lors de la fête du printemps. Un «arbre à idées» sera à disposition de toutes et de tous le 29 avril, n’hésitez donc pas…

Valentina HEMMELER, Secrétaire d’Uniterre

* Article paru dans Uniterre le 12.04.06