Manifeste du collectif de soutien aux sans-papiers de Genève


Manifeste du collectif de soutien aux sans-papiers de Genève


Pour la régularisation de tous les sans-papiers. Selon certaines estimations, ils sont 200’000 à 300’000 à souffrir de ce non-statut en Suisse. Dans le canton de Genève, ils seraient
5’000, 10’000 ou 15’000…

Il y en a 0% et pourtant ils existent. Personne ne connaît exactement le nombre de ceux qu’on nomme, les clandestins, les illégaux ou les sans-papiers. Ils ne sont pourtant pas invisibles. Mais nombreux sont ceux qui font tout pour maintenir ces personnes, largement précarisées et hors-droits, dans leur condition d’ «individus inexistants». Soumis aux abus des logeurs, aux humeurs de l’employeur, obligés d’accepter des salaires en dessous de toute convention et de tout usage, ils sont la cible des mesures du Conseil fédéral et de fréquents contrôles de police, victimes des comportements xénophobes. Ils ont peur de sortir le soir, d’attendre trop longtemps un bus, d’aller à l’hôpital. Ils n’osent pas dénoncer un acte dont ils sont victimes, agression, harcèlement sexuel, mobbing, etc.

Ils n’existent pas, mais ils habitent le canton depuis 1, 2, 5 ou 10 ans. Ils n’existent pas, mais ils travaillent. Ils n’existent pas, mais ils paient des impôts, les assurances sociales (chômage, AVS/AI, LPP, accidents professionnels) que souvent ils ne touchent pas, bien que la législation en vigueur leur permet de bénéficier des prestations pour lesquelles ils ont cotisé.

Un système légal qui produit des sans-papiers

Les sans-papiers ne sont pas seulement des requérants d’asile déboutés ou des travailleurs dits illégaux, ce sont également des personnes qui, suite au décès d’un conjoint, à un divorce, à la perte d’un emploi, à un échec aux examens, perdent ce qu’ils avaient construit ici, par refus de renouvellement de permis. Ce système brise les efforts personnels d’intégration. La pratique discriminatoire de la Suisse est contraire à la Déclaration universelle des droits de l’homme du 10 décembre 1948 et n’a pas de base légale. Elle a été condamnée par la Commission européenne contre le racisme et l’intolérance et le Comité de l’ONU pour l’élimination de la discrimination raciale. Au lieu de changer sa politique, le Conseil fédéral souhaite notamment introduire dans le texte de la nouvelle Loi sur les Etrangers (LEtr) la discrimination selon l’origine nationale. Il veut en effet interdire l’autorisation de séjour des migrants de certains pays. Ce projet sera soumis cet automne aux Chambres. La LEtr et la nouvelle révision de la Loi sur l’asile (LAsi) présentées par le Conseil fédéral ne feraient ainsi que créer davantage de sans-papiers.

L’existence d’une population précarisée affaiblit à terme tous les secteurs de la société: le combat pour les sans-papiers s’inscrit dans le cadre plus large de la lutte pour la défense et l’amélioration des conditions de travail et de vie de toutes et de tous. Le drame des sans-papiers se pose à l’échelle de l’Europe entière et les autorités helvétiques sont encore plus dures que les autorités françaises, italiennes, espagnoles et belges qui ont procédé à des régularisations de sans-papiers. Chaque semaine, des hommes, des femmes et des enfants- sont rejetés alors qu’ils fuient des persécutions, des guerres ou qu’ils tentent d’échapper à la misère de pays économiquement sinistrés, notamment par les «plans d’ajustement structurel» du Fonds monétaire international (FMI). Les inégalités économiques et sociales à l’échelle mondiale liées à la libéralisation totale de l’économie ne sont pas acceptables: elles provoquent des exodes dramatiques de population. Aucune mondialisation n’est possible qui ne prévoit pas la liberté de circulation des êtres humains et l’égalité de leurs droits sur la terre entière.

Des luttes collectives, pour des solutions collectives

Les luttes menées par des collectifs de sans-papiers se multiplient: en France, en Espagne, en Allemagne, en Belgique, en Italie se constituent des réseaux solidaires. En Suisse également, des mouvements de protestation ont pris naissance: à Lausanne, à Fribourg, à Neuchâtel, à Zurich, à Chiasso et peut-être encore ailleurs demain. Le Collectif sans-papiers de Genève s’est créé pour prendre part à cette lutte, sur le plan suisse et international.




Le collectif de soutien aux sans-papiers de Genève

Demande


  • la totale libre circulation des personnes;
  • la régularisation collective de l’ensemble des sans papiers;
  • l’intervention du Conseil d’Etat et du Grand Conseil, des conseils administratifs et municipaux auprès des autorités fédérales afin de demander et d’obtenir la régularisation de sans papiers;
  • au Conseil d’Etat, l’arrêt de toutes expulsions de sans-papiers
  • aux autorités cantonales, leur intervention pour garantir les mêmes conditions de travail, de salaire, d’apprentissage, de formation scolaire, de soins médicaux, d’assurances sociales et de logement pour toutes les habitantes et tous les habitants du canton quel que soit leur statut;
  • de suspendre toute mesure qui crée des sans-papiers.

Appelle



  • les autorités, les élus et tous les habitants à soutenir les sans-papiers, à participer au Collectif et à signer le présent manifeste;
  • les autorités, les élus, les fonctionnaires et les citoyens à prendre publiquement et personnellement la défense des sans-papiers qui s’exposent par leur engagement.

Pour contacter le Collectif de soutien aux sans-papiers de Genève et signez le manifeste, adressez-vous au: Centre de Contact Suisses-Immigrés, route des Acacias 25, 1227 Les Acacias, tél. (022) 304 48 60