Soutenir le peuple palestinien

Soutenir le peuple palestinien

Sanctionner l’occupation

Le mouvement de solidarité avec le peuple palestinien organise une conférence internationale à Genève du 26 au 28 mai1. Il est en effet, depuis de nombreuses années, confronté à la politique démissionnaire – pour ne pas dire complice – de la communauté internationale concernant les violations par l’Etat d’Israël du droit international.

Ces violations concernent tous les aspects de la vie quotidienne de la population palestinienne: l’édification du Mur, les barbelés, les tours de guet et les détecteurs électroniques interdisent tout déplacement nécessaire aux activités économiques et agricoles, à la fréquentation scolaire et universitaire, à l’accès aux soins médicaux.

La Banque mondiale elle-même annonce, à ce jour, plus de 200 000 Palestinien-ne-s victimes de ce Mur. Cette construction se double de deux «terminaux» au Nord – sur l’emplacement de l’ancien check-point de Qalandiah et au Sud – à quelques kilomètres de Bethléem dont le franchissement prend des heures aux quelques Palestinien-ne-s bénéficiaires d’un permis israéliens. Ainsi l’accès à Jérusalem – siège d’organisations caritatives, politiques, universitaires est désormais interdit à la population arabe.

Asphyxie et déluge de feu

Le morcellement du territoire se fait avec une détermination sans frein. Dans la région de Naplouse, le développement des colonies crée deux «bantoustans» privés de toutes communications. Tout ce dispositif, présenté avec arrogance par les Israéliens comme nécessaire à leur sécurité est en fait la mise en place des nouvelles frontières d’Israël, de la Méditerranée au Jourdain mettant ainsi un point final au programme présenté par Sharon en 2002: finir 1948!

Certes, il est aujourd’hui plus difficile, aux yeux de l’opinion internationale, de jeter sur les routes de l’exil 700 000 personnes comme ce fut le cas à cette époque mais enfermées, affamées, emprisonnées, déportées et bombardées constitue pour Israël une solution qui aujourd’hui, sous couvert de la lutte contre le terrorisme, n’entraîne aucune condamnation. Elle ne suscite, hélas, que la réaction d’opprimés qui dans une violence individuelle choisissent de donner à leur mort un sens dont le «terrorisme d’Etat» les a privés.

Les Etats-Unis et l’Europe – alliés de l’Etat d’Israël dans le nouveau découpage du Monde – parachèvent cette lente asphyxie; la suspension de leurs aides financières promises au fonctionnement des services de l’Autorité Palestinienne prive 150 000 fonctionnaires et leurs familles de revenus. Le programme humanitaire des Nations Unies qui couvre 30% de la population palestinienne, est menacé par des fortes pressions qui s’exercent bien évidemment contre le rapporteur pour la faim auprès de Koffi Annan, Jean Ziegler. Faut-il encore mentionner les taxes douanières, nécessaires au budget de l’Autorité, retenues par Israël en toute illégalité?

Le résultat des élections législatives de janvier 2006, donnant la majorité au Hamas justifie depuis l’accélération de la répression. Dans la Bande de Gaza, entre le 10 et le 14 avril, plus de 300 obus sont tombés sur la population civile: des femmes et des enfants ont été tués sous ce déluge de feu, avec comme seule faute celle d’être nés dans ce coin de terre… comme ceux de Bagdad ou de Bassorah

Pour le respect du droit international

Le mouvement de solidarité avec le peuple palestinien a une responsabilité vis-à-vis de la politique des gouvernements respectifs. Il ne peut accepter que lors de la prochaine échéance trimestrielle du versement de l’aide financière, l’Union Européenne confirme la suspension de celle-ci. Déjà, sous la pression des ONG et des partis progressistes, la Norvège déclare vouloir réexaminer sa position. Cet exemple montre que le mouvement de solidarité peut et doit se donner les moyens de peser sur les décisions des autres pays partenaires.

Des campagnes européennes, basées sur le respect du droit international et des sanctions prévues pour son application doivent se construire, se coordonner et se développer le plus rapidement possible. C’est pourquoi, les collectifs «Urgence Palestine» en relation avec le comité des «Collectifs et Associations pour la Palestine» basé à Bruxelles, mobilisent toutes leurs forces dans la tenue d’une Conférence pour l’application du Droit International qui se tiendra à Genève le 26, 27 et 28 mai prochains.

Un soutien militant vital

Les travaux menés dans les 6 ateliers prévus le samedi 27 mai, porteront sur les actions à mener, au niveau européen, contre les entreprises impliquées dans le dispositif d’enfermement des populations, sur l’inventaire des collaborations militaires et sur les investissements financiers européens. Parallèlement, ces travaux permettront d’élaborer des stratégies d’intervention contre «ce commerce durable et lucratif» de la guerre. L’exemple de la campagne menée avec succès par les militant-e-s de la solidarité contre Caterpillar ou actuellement contre Connex, montre qu’il est possible d’agir.
La tenue de cette Conférence dépasse les possibilités financières des Collectifs. C’est pourquoi ils lancent aujourd’hui un appel pour que toutes les forces militantes adhérent et soutiennent financièrement ce projet. Lors de l’offensive meurtrière de Sharon, au printemps 2002, c’est avec les militant-e-s que le mouvement de la solidarité avec la Palestine, s’est trouvée aux côtés de la population palestinien-ne-s. Aujourd’hui, c’est à Genève, au cours de cette conférence, que les militant-e-s palestiniennes viendront apporter leurs expériences et que s’élaboreront les moyens d’une lutte citoyenne.

Françoise FORT

1 Programme et inscriptions: www.urgencepalestine.ch

Soutien financier: CCP 17-766771-3 mention «conférence».