Sexisme et publicité


Sexisme et publicité


Après les néo-calvinistes genevois-e-s, le gouvernement français s’attaque aux publicités sexistes. Juillet, un groupe d’expert-e-s remètent un rapport sur «l’image des femmes dans la publicité» à la secrétaire d’Etat aux droits des femmes et de la formation professionnelle.

Maryelle Budry

Ce rapport critique était accompagné de propositions de mesures à prendre pour «endiguer les dérives». À savoir: un renforcement du code de déontologie des publicitaires et du contrôle du Bureau de vérification de la publicité, la capacité des associations féministes de saisir les tribunaux, un téléphone vert à disposition du public et l’organisation de forums de discussion. Madame Pery, a bon espoir que le Premier ministre Jospin, qui lui a confié ce mandat, puisse légiférer dans ce sens dès le début de 2002. (interview au «Monde» 12 juillet 2001). Les actions des deux groupes féministes (parallèles et rivaux) «les chiennes de garde» et «la meute» ne sont certainement pas étrangères à l’évolution des mentalités françaises.


«Un mode de vie immonde»


D’après un sondage IPSOS de juin 2001, auprès de plus de 1000 personnes représentatives, la population française commence à être choquée par la manière dont on montre les femmes dans la publicité. Une grande majorité des citoyens et citoyennes souhaiteraient protester contre certaines campagnes récentes, où les femmes sont particulièrement ridiculisées («je n’ai pas inventé la poudre, mais je sais l’utiliser») ou réduites à des portions de corps sans tête.


La rédactrice en chef de «Femmes en Suisse» (devenue entre temps «L’Emilie») nous informait, dans un dossier consacré à «l’industrie de la minceur» de l’existence de véritables mouvements de contestation, au Canada et en Suède, contre l’image omniprésente du top modèle Claudia Schiffer, symbole choisi par Hennes & Moritz, entre autres, pour vanter la femme mince, sexy et soumise. Il n’y a donc pas que l’extrême-gauche féministe genevoise à se sentir mal face à ce déferlement de sexisme, d’autant plus que la publicité est le miroir de la société. Trois jeunes femmes de 22 à 24 ans, vivant en squat à Genève, avec qui je discutais de ces questions: «De toutes façons, la publicité nous choque profondément, elle nous renvoie à un mode de vie que nous jugeons immonde, immoral. Les publicités qui misent sur le sexisme nous dégoûtent profondément, mais les pubs pour la nouvelle économie nous terrorisent tout autant, style «Gandhi, faites comme lui, mais en gagnant beaucoup d’argent» ou «Mangez votre voisin, avant d’être mangé par lui». Maintenant, ce n’est d’ailleurs plus seulement les femmes qui servent d’objets publicitaires, on commence à montrer des hommes marchandises. La publicité fonctionne sur des mises à plat de faits de société. Et la société marchande actuelle nous déplaît foncièrement. Tout ce qui sert à faire prendre conscience est bien venu.»