La révolution neuchâteloise et ses embaumeurs

La révolution neuchâteloise et ses embaumeurs

Cette année, le Conseil d’Etat neuchâtelois utilise huit fois le mot «révolution» dans son message pour commémorer la révolution du 1er mars 1848 (qui a fait de Neuchâtel une république). Il tente de donner un vernis «progressiste» à une politique d’austérité, sans garantie d’être cru1….

Depuis plus d’un siècle, la célébration du 1er mars est un exercice obligé pour les gouvernants de l’heure. Ils accommodent cet événement à la sauce indigeste du «consensus neuchâtelois», un véritable contresens historique! Aujourd’hui, la presse locale parle de l’actuel Conseil d’Etat comme «du premier gouvernement de gauche installé au Château». Il y a maldonne.

Le «premier gouvernement de gauche» s’est installé au Château… le soir du 1er mars 1848. Il avait été élu, le même jour, par l’assemblée des comités républicains, réunie à la Chaux-de-Fonds, alors qu’une colonne de 800 hommes (commandés par Fritz Courvoisier et Ami Girard) marchait sur Neuchâtel.

Ce gouvernement a mené une révolution démocratique, sans pactiser avec ses ennemis royalistes (à qui il n’offrait pas des sièges sur un plateau…).

Au nombre des aspects positifs: la loi sur les municipalités (1850) a donné le droit de vote et d’éligibilité aux étrangers établis; le canton de Neuchâtel a accueilli les réfugiés politiques français du Second Empire (1852-1870) – contre l’avis du Conseil fédéral.

Enfin, les révolutions françaises (1789, 1792/1793, 1830, 1848) ont toujours précédé les vagues contestataires dans la «principauté de Neuchâtel et Valangin». Une problématique, souvent méconnue, sur laquelle nous aurons l’occasion de revenir.

Hans-Peter RENK

  1. Depuis décembre 2005, le «courrier des lecteurs» dans la presse neuchâteloise est dominé par des critiques de la gestion gouvernementale.