Fonction publique allemande: grèves en cascade
Fonction publique allemande: grèves en cascade
Depuis plus de six semaines, la fonction publique territoriale allemande connaît une série de grèves qui, vues de lextérieur, donnent limpression dune grève nationale perlée. En réalité, ces mouvements sont bien diversifiés dans le temps et dans lespace (villes et régions), mais répondent à une même offensive: la prolongation de lhoraire de travail dans les services publics. La droite patronale et gouvernementale (ou, selon lexpression allemande «Kapital und Kabinett») cherche à toute force à faire revenir à 40 heures hebdomadaires la durée du travail. Les fonctionnaires (Beamten), dont les conditions de travail sont définies par lautorité politique, connaissent déjà, pour certain-e-s les 40 ou 41 heures, voire 42 comme en Bavière, et ont dû renoncer à certains jours fériés. Ceux et celles qui sont aujourdhui dans le collimateur sont les employé-e-s (Angestellten) de la fonction publique, dont les conditions de travail dépendent de conventions collectives. Celles-ci sont négociées avec les communes au niveau régional; il existe toutefois une «communauté conventionnelle» fédérale, réunissant les différentes associations régionales de communes et lEtat fédéral. Une réglementation commune de lhoraire de travail avait été obtenue en septembre 2005. Cest cet accord qui a été dénoncé par les employeurs communaux dans plusieurs régions.
Le mouvement de riposte a démarré le 6 février dans les communes du Bade-Wurtemberg, suivies par celles de la Basse Saxe, puis par Hambourg. Les hôpitaux universitaires et les services régionaux sont ensuite entrés en lutte dans le Bade-Würtemberg, la Bavière, Brême, Hambourg, la Basse Saxe, la Rhénanie-Westphalie, la Rhénanie-Palatinat, la Sarre, la Saxe, le Schleswig-Hosltein et la Thuringe. Quelquefois spectaculaires (quand les éboueurs sont en grève, cela se sent!), ces luttes défensives sont évidemment très importantes pour lavenir des conditions de travail de tous les salarié-e-s dans le pays.
Le problème est que la où des accords ont été conclus, on assiste, certes, au maintien dhoraires hebdomadaires inférieurs à 40 heures, mais avec des solutions qui risquent daccroître la différenciation, déjà importante, entre les catégories de salarié-e-s de la fonction publique. Ainsi, à Hambourg, laccord conclu prévoit un temps de travail différent selon lâge, le revenu, le nombre et lâge de ses enfants. Ce qui explique un certain désenchantement des grévistes qui ont dû mal à se reconnaître dans le résultat: ils étaient 94,7% (!) à voter la grève dans cette ville, ils ne sont plus que 42% à approuver le compromis (25% suffisaient). Reste à voir si des issues plus positives seront trouvées, là où lorganisation syndicale est plus puissante, comme en Basse Saxe. (ds)