Les Tute bianche


Les Tute bianche


Jean Batou

Ce sont les Combinaisons Blanches et non les «Tous Blancs» (Tuti Bianchi). Elles sont issues de la mouvance des centres sociaux et sont parvenues à regrouper des forces larges autour d’elles: jeunes de Refondation Communiste, Sud Ribella (issu des organisations de chômeurs et de l’autonomie), ainsi que de nombreuses petites formations.


«Dans une agréable ambiance de bordel organisé, le sérieux à la fois dérisoire et impressionnant avec lequel ils s’accoutraient en Supermen ou en joueurs de football américain exprimaient avec force une volonté et une intelligence collectives : il s’agissait de montrer que l’on peut désobéir aux interdits étatiques (…) sans tomber dans les pièges de la violence spectaculaire.» (Serge Q., manifestant à Gênes). C’est ainsi qu’ils refusent toute arme défensive pour utiliser leur corps en le protégeant des coups.


Le vendredi, lors de l’approche de la zone rouge, ils formaient le cortège le plus important. A noter qu’ils avaient abandonné leur tenue blanche pour se «fondre dans la multitude». «Le cortège regroupait dix à quinze mille personnes, avec plusieurs milliers en tenues protégées et quelques centaines dans cette formation en tortue (boucliers de tous côtés et sur le dessus) reprise aux légions romaines : les jeunes de Rifondazione y tenaient leur place, mêlés à ceux des centres sociaux. Des têtes de cochon en plastique mou et des boucliers peinturlurés marchaient devant. Il y avait des équipes extincteurs pour les lacrymos, beaucoup de gens pour les renvoyer.» Une sono transmettait les consignes.


Ils seront arrêtés par des charges de police extrêmement brutales, avant la zone interdite. C’est là que Carlo Giuliani a trouvé la mort.

(jb)