Etats-Unis: grève à New York

Etats-Unis: grève à New York

Le 20 décembre dernier, les salarié-e-s des transports en commun de New York se sont mis en grève contre le relèvement de l’âge de départ à la retraite. Pendant trois jours, la ville a été paralysée, malgré les menaces d’amendes et d’emprisonnement.

« New-Yorkais, c’est une lutte pour savoir si un travail difficile sera récompensé par une retraite décente. C’est une lutte contre l’érosion et la disparition à terme d’une couverture maladie décente pour les travailleurs de New York », s’exclame Roger Toussaint, président du TWU Local 100, syndicat de transport new-yorkais condamné à payer un million de dollars par jour d’arrêt de travail.

Le système de transports en commun de New York est l’un des plus importants au monde. Et lorsqu’il s’arrête, cela se voit! Pour la première fois depuis 25 ans, c’est arrivé. Les 33000 travailleurs-euses de l’Autorité des transports métropolitains (MTA) affiliés au TWU ont arrêté le travail pour la négociation de leur contrat qui arrivait à échéance à la fin de l’année. Cette grève est surtout le résultat d’années d’humiliations des employé-e-s par le management (près d’un-e travailleur-euse sur deux a fait l’objet d’une mesure disciplinaire en 2004), de baisse du pouvoir d’achat, de diminution de la qualité et de l’étendue de la couverture maladie et d’attaques sur les retraites. Le dernier contrat proposé par la direction prévoyait notamment que l’âge de départ à la retraite des nouveaux employé-e-s serait reculé de sept ans (de 55 à 62 ans).

Du 20 au 23 décembre, aucun métro ni bus ne fonctionnait, malgré les pressions énormes de la presse, du maire millionnaire Bloomberg, du gouverneur de l’Etat et des juges. Les grèves du service public sont illégales dans l’Etat de New York, et les grévistes doivent payer deux jours de salaires par jour de grève et les dirigeants syndicaux sont susceptibles d’être arrêtés. Les médias dominants ont eu cependant du mal à trouver des citoyen-ne-s ordinaires opposés aux grévistes. La plupart des travailleurs-euses soutenaient la grève en demandant au maire et à la MTA d’accepter les demandes du syndicat.

Cependant, la pression a été suffisante pour faire cesser la grève avant l’obtention d’un vrai contrat. L’accord a été négocié le 27 décembre. La MTA a abandonné son plan sur les retraites et a concédé des augmentations de salaires. Elle a cependant obtenu du syndicat que les travailleurs-euses paient une partie de leur sécurité sociale. Une concession importante.

Malgré tout, cette grève marque un tournant dans les relations de classe aux USA. Il était temps, après une décennie de défaites, que la classe ouvrière reprenne l’initiative. Cette grève survient juste après celle des transports en commun de Philadelphie. Elle montre que la plupart des travailleurs-euses sont à l’offensive contre les attaques patronales. Elle montre aussi qu’ils sont prêts à braver la loi et la «justice» pour obtenir des conditions de travail décentes.

De New York, Edouard SOULIER
(paru dans Rouge, le 5 janvier 06)