Vidéosurveillance chez Media Markt

Vidéosurveillance chez Media Markt

On se souvient que Vladimir Poutine voulait «buter» les indépendantistes tchétchènes «jusque dans les chiottes». Chez Media Markt à Dietikon (ZH), on se contente d’y surveiller son personnel, soumis en outre à des baisses de salaire et des mises à la porte sans délai.

Prenons l’exemple de Daniel Eichenberger, un employé qualifié qui refusa de travailler pour 1000 francs de moins par mois: viré sans autre! Salarié de la filiale de Media Markt de Dietikon, il ne regrette pas son ancien emploi, les conditions de travail étant devenues tout simplement insupportables depuis le mois de mai. Parlons aussi de cet employé qui devait cesser d’échanger « des gestes d’affection » avec sa petite amie, qui travaille dans la même filiale, et même arrêter de discuter continuellement avec elle durant les pauses, car cela avait une « influence négative sur l’esprit d’équipe ». « Après une série d’autres griefs, fondés en partie sur la surveillance vidéo, j’ai reçu mon congé ».

A l’arrivée de la nouvelle directrice Kyra Arnold, en mai, l’ambiance s’est très nettement tendue. Selon la responsable de la section d’Unia de la région, les salarié-e-s se plaignent de la vidéosurveillance et de baisses de salaire d’environ 15% en moyenne. De plus, depuis mai, 15 des 95 employé-e-s de l’entreprise ont été licenciés. Quelques salarié-e-s sont aussi partis «volontairement». D’où l’action entreprise à mi-décembre par Unia, dont les membres, déguisés en détectives, accueillirent la clientèle par le slogan «Bienvenue chez Media le fouineur ».

La sphère privée? Bof…

Ancienne suppléante de la directrice, Guilana Suma explique que les employé-e-s qui surprennent un vol dans le magasin touchent 200 francs de prime. Celle-ci monte à 500 francs lorsqu’ils dénoncent un vol commis par un-e collègue de travail. Systématiquement, le personnel est divisé en groupes qui sont joués l’un contre l’autre. Selon ses dires, une salariée a été licenciée sur le champ après un vol. Le tribunal a ensuite établi qu’elle n’était pas coupable; le licenciement n’a pourtant pas été retiré. Pour G. Suma, la nouvelle directrice n’utilise pas la vidéosurveillance uniquement dans les locaux de vente: « sans même l’ombre d’un soupçon, les employé-e-s sont constamment espionnés; ils n’ont plus aucune sphère privée ». Des caméras vidéo fonctionnent non seulement dans le magasin proprement dit, mais aussi dans les stocks, aux accès à la timbreuse, aux toilettes, et au local de pause. La surveillance des W-C et du local de pause est particulièrement disproportionnée, de l’avis d’Eliane Schmid, collaboratrice scientifique du Préposé fédéral à la protection des données, qui ajoute qu’« une surveillance comportementale systématique est même fondamentalement interdite ». G. Suma explique qu’une employée a néanmoins été avertie par écrit pour avoir simplement discuté avec son mari dans le magasin.

Des journées de douze heures

Sous la nouvelle direction, les employés de Media Markt doivent, selon G. Suma, régulièrement travailler plus longtemps. « Sans autorisation, Media Markt reste quelquefois ouvert jusqu’à huit heures et demie en soirée au lieu de huit heures. Pour les salarié-e-s, cela signifie une journée de douze heures, et cela souvent sans pause ». La majorité des employé-e-s de Media Markt a manifesté son ras-le-bol. Une assemblée du personnel très bien fréquentée a décidé, à une écrasante majorité, de donner mandat au syndicat Unia pour agir contre cette situation. Elle revendique:

  • la suppression des caméras dans les locaux annexes
  • le retrait des avertissements résultant de la vidéosurveillance
  • le respect des horaires de travail
  • la suspension des baisses de salaire

Le PDG de Media Markt Suisse, Guido Renggli conteste que le personnel soit surveillé par le biais des caméras vidéos: « l’installation correspond à notre concept de sécurité ». Il précise toutefois que Media Markt examinera dans le détail les critiques d’Unia. La direction de la filiale de Dietikon n’a pas souhaité s’exprimer sur les accusations de ses employé-e-s. Affaire à suivre donc…

Article de «Work»
magazine en allemand d’Unia
(trad. et adaptation ds)