Travail du sexe et droits humains

Travail du sexe et droits humains

Marianne et Claudette de l’association ASPASIE reviennent enthousiastes de la Conférence pour les droits des TSEX (travailleurs et travailleuses du sexe) à Bruxelles du 15 au 17 octobre. Huit Suisses y ont participé, dont cinq TSEX.

Premier jour: un rassemblement de 200 personnes originaires de 23 pays est réservé exclusivement aux TSEX ayant vécu ou vivant personnellement l’expérience de la prostitution. Les ateliers travaillent sur un manifeste et une déclaration des droits des travailleuses et travailleurs du sexe, préparée sur la base d’une consultation effectuée ces derniers mois auprès des TSEX et ONG partenaires de tous les pays européens.

Le deuxième jour a été consacré aux échanges entre les TSEX et les membres des ONG solidaires. Les exposés et discussions en plénières et ateliers, animés par les TSEX de manière très professionnelle, sont consacrés aux thèmes d’actualité: conditions de travail, violence, abolitionnisme, migration et traite, droits humains, expériences positives…et une brillante rétrospective sur 20 ans de lutte présentée par Gail Pheterson et Margo St.James, deux leaders du mouvement depuis les années septante.

Le troisième jour tous les TSEX et leurs allié-e-s sont accueilli-e-s au Parlement européen! Le député italien Vittorio Agnoletto (GUE), membre de la sous-commission «droits de l’homme», félicite les congressistes de la haute qualité de leurs documents: «Cette déclaration n’est pas seulement importante pour les travailleurs-euses du sexe, mais pour toute la société civile européenne.» Premier signataire de la Déclaration des droits du travail du sexe, il s’engage à se faire le porte-parole du mouvement au sein du parlement.

Une conférence de presse et une manif dans les rues de Bruxelles, colorée aux parapluies rouges, vont clore cet évènement historique qui ouvre une nouvelle étape dans la lutte pour les droits humains égaux pour tous et toutes.

Que veulent les TSEX?

Résumé des principales recommandations de la Conférence

  • Politiques de prostitution
    Certaines mesures publiques tendent à rendre le travail du sexe invisible et excluent les TSEX des lieux publics, renforcent stigmatisation, exclusion et vulnérabilité sociale des TSEX. Toutes les lois et mesures portant atteinte à la dignité et à l’autonomie des TSEX devraient être abolies. Les TSEX ont le droit de parler pour elles/eux-mêmes. Elles/ils devraient être représenté-e-s dans les débats sur les législations, les mesures publiques affectant leurs vies. Les organisations de TSEX devraient être soutenues.
  • Les droits des TSEX sont des droits humains
    Les gouvernements devraient protéger les droits humains de tous les TSEX, féminins, masculins et transgenre, qu’elles/ils soient migrant-e-s ou autochtones. Certains droits humains reconnus comme universels par tous les Etats sont applicables à tous les citoyens et déniés aux TSEX. Le travail du sexe devrait être reconnu comme un travail et une profession. Nous demandons la protection de notre travail, des droits sociaux et humains au même titre que les autres personnes actives professionnellement, l’accès aux soins et à un revenu minimum.
  • Les TSEX devraient pouvoir travailler légalement
    Les gouvernements devraient garantir des conditions de travail et des standards de santé au travail dans le travail du sexe comme dans les autres activités. Les contrôles médicaux et les registres policiers obligatoires auxquels seul-e-s les TSEX sont soumis-es sont des mesures discriminatoires à abolir.
  • Violence contre les TSEX
    Les TSEX devraient avoir le droit de s’organiser et de collaborer pour se protéger contre la violence. Les lois qui interdisent aux TSEX de travailler ensemble devraient être abolies. les TSEX devraient avoir le droit d’être soutenu-e-s et protégé-e-s lorsqu’elles-ils sont exposé-e-s à la violence, quel que soit leur statut de séjour.
  • Droits des migrant-e-s
    L’UE devrait instaurer une évaluation de l’impact des politiques anti-traite et migratoire sur les droits humains pour promouvoir les droits des TSEX migrant-e-s et des personnes victimes de la traite. Pour protéger leurs droits humains, et leur accès à un traitement judiciaire sans discrimination, les TSEX lésé-e-s dans leurs droits et les personnes victimes de traite devraient bénéficier d’un permis de séjour. Les TSEX devraient pouvoir bénéficier d’aide et de soutien médico-psycho-social et de formation afin que leurs droits humains soient garantis.