Aucune voix pour la droite!

Aucune voix pour la droite!

Soutenir une candidature féminine au Conseil d’Etat, même si elle vient du Parti Libéral? A cette question, les «Femmes en colère» genevoises ont répondu par l’affirmative. Elles argumentent leur choix en trouvant inadmissible que le Conseil d’Etat soit exclusivement masculin, en jugeant que 53 % de la population ne peut pas être mis de côté, que les femmes ne s’engageront pas en politique si elles n’ont pas d’exemple. A cette colère légitime, nous, forces de gauche combative, pouvons répondre différemment.

SolidaritéS a, à plusieurs reprises, regretté vivement et dénoncé l’absence de candidates dans les partis de l’alternative (PS et Verts), mais ceci ne justifie absolument pas le soutien à une femme de droite à l’exécutif juste parce qu’elle est une femme. Le fait que les femmes soient sous-représentées dans tous les mandats électifs est inacceptable. C’est pourquoi nous sommes favorables à la parité. Mais n’est-ce pas faire injure à l’engagement politique des femmes, que de croire qu’elles pourraient être indifférentes aux opinions des candidates qui sollicitent leurs suffrages?

Les femmes et hommes de solidaritéS sont engagés dans des combats sociaux, politiques et culturels, avec des idéaux et des convictions partagées. Lors de la campagne pour les élections du 9 octobre, nous nous sommes battus collectivement sur la base d’un programme débattu et adopté démocratiquement.

Mais alors, pourquoi appeler à voter pour les candidats de l’alternative au Conseil d’Etat, parfois bien marqués à la droite de leurs partis? N’est-ce pas leur donner un chèque en blanc? Nous ne le pensons pas. En effet, leurs électeurs-trices partagent beaucoup de nos préoccupations et nous serons là pour les leur rappeler. En revanche, les électeurs-trices du Parti libéral soutiennent explicitement des candidat-e-s dont ils attendent une politique de droite. C’est autre chose…

Voter pour Micheline Spoerri, c’est accepter un programme de démantèlement social et de cadeaux fiscaux faits aux plus riches. Faut-il soutenir la candidate d’un parti dont nous combattons régulièrement, par référendum, les mesures politiques? Ce même parti libéral qui refusait, en l’an 2000, l’initiative fédérale dite des quotas? Faut-il soutenir la membre d’un parti, dont la politique nuit régulièrement aux femmes? Généraliser le travail du dimanche, refuser des crédits supplémentaires pour les crèches, diminuer le financement des logements sociaux, restreindre les conditions d’octroi de l’aide sociale. En quoi la grande majorité des femmes est-elle représentée par un parti dont le but est de réduire les missions du secteur public, de précariser le statut des fonctionnaires?

Ne nous leurrons pas, les postes les moins qualifiés et les plus mal payés sont occupés par des femmes. Va-t-on cautionner une politique qui créé des working poor ? Les femmes à la tête de familles monoparentales s’en sortiront certainement beaucoup mieux en ayant des revenus encore plus bas et moins de structures subventionnées pour leurs enfants!

En lisant le programme des libéraux, il est frappant de relever que les femmes ne sont jamais mentionnées. Il est certes révoltant qu’une majorité de la population, les femmes, ne soit représentée au Conseil d’Etat, mais n’est-il pas plus indécent encore, que le parti libéral néglige et oublie totalement leurs préoccupations dans sa réflexion politique. En quoi le fait de plébisciter une femme de ce parti fera-t-il avancer notre cause?

Un domaine supplémentaire dans lequel le parti libéral s’illustre par ses positions réactionnaires, est celui des immigré-e-s. Pour mémoire, il était le seul à Genève, avec l’UDC, à refuser le droit de vote communal aux résident-e-s étrangers. Il est aussi en pointe pour la défense d’une politique sécuritaire: interdiction des manifestations, répression accrue des mouvements sociaux, évacuation des squatts, couverture des bavures policières, etc.

Ce parti n’hésite pas, d’ailleurs, à faire systématiquement alliance avec l’extrême-droite pour arriver à ses fins. Et sur ce plan, au Parlement, les femmes de droite ne se distinguent pas de leurs collègues masculins. Il est vrai qu’une loi contre la violence conjugale a été acceptée par le Grand Conseil avec une majorité gauche-droite importante. Mais était-ce bien là le combat de Micheline Spoerri? Tous les votes en commission se sont faits à l’unanimité. En ce qui concerne enfin l’assurance-maternité, une majorité écrasante de la population genevoise l’avait défendue en votation populaire, ce n’est pas le ralliement de Madame Spoerri qui a fait la différence…

SolidaritéS appelle donc à battre la droite et à ne rajouter aucun suffrage en faveur de ses candidats, y compris Mme Spoerri.

Marie-Eve TEJEDOR