Solidarité internationale contre indifférence impériale

Solidarité internationale contre indifférence impériale

Dix jours après le tremblement de terre au Pakistan, l’urgence est à la solidarité. Mais chaque catastrophe naturelle soulève aussi des questions politiques récurrentes.

Le Cachemire sous contrôle pakistanais a subi le 8 octobre, un tremblement de terre dévastateur. La province frontalière du Nord-Ouest et le Cachemire sous contrôle indien ont aussi été frappés. A l’heure où cet article est écrit, le nombre des victimes est officiellement de 50’000 morts, 60’000 blessé-e-s et 3 millions de personnes jetées à la rue.

L’information reste parcellaire. Les grands médias quittent peu Islamabad (capitale du Pakistan) et Muzzaffarabad (capitale du Cachemire sous contrôle pakistanais). La «couverture» de l’événement est bien moindre que lors du tsunami de décembre. Celui-ci concernait certes une région plus vaste. Mais on ne peut s’empêcher de penser que l’absence de complexes touristiques dans une zone sur pied de guerre est pour quelque chose dans cette différence de traitement.

Le caractère parcellaire de l’information n’interdit pas de soulever des questions. La situation des villageois -es survivants reste dramatique. Ils/elles doivent tenter de rejoindre à pied les centres urbains. Nombre de blessé-e-s sont morts en attendant les secours. L’ONU a déclaré que le pays avait «désespérément» besoin d’hélicoptères. Or, il y en a pléthores dans la région (l’Afghanistan est à une heure de vol). Ils ne sont arrivés qu’au compte-goutte. Les habitant-e-s de La Nouvelle Orléan, envahie par les eaux, ont déjà payé au prix fort les priorités impériales de leur gouvernement: les fonds publics destinés à l’entretien des digues ayant été détournés au profit de l’occupation en Irak. C’est aujourd’hui le tour des sinistré-e-s du Cachemire.

L’entraide des pauvres a commencé bien avant les secours gouvernementaux. Face aux critiques, le président du Pakistan, le général Pervez Musharraf, a beau jeu de répondre qu’on ne saurait lui reprocher de n’avoir fait guère mieux que George Bush lors de l’ouragan Katrina. Mais derrière l’auto-absolution des chefs d’Etat, on sent la même indifférence à l’égard des pauvres (petit peuple de La Nouvelle Orléan, montagnards du Cachemire).

Des équipes médicales et militaires occidentales ont été envoyées dans le nord du pays. Musharraf en a appelé à l’aide financière internationale. La Banque mondiale a offert 20 millions de dollars et la Banque asiatique de développement 10 millions. Mais, comme le souligne le CADTM, «ces chiffres ne doivent pas cacher que dans le même temps, pays riches et institutions multilatérales continuent cyniquement de recevoir, de la part des pouvoirs publics pakistanais, des sommes bien plus importantes en remboursement d’une dette devenue illégitime» L’une des mesures de solidarité les plus urgentes devrait être «l’annulation totale et immédiate de la dette extérieure publique du Pakistan et l’abandon des politiques d’ajustement structurel» .

Face à l’incurie de l’administration, nombre d’initiatives ont été prises par des ONG pakistanaises ou internationales, associations, syndicats, partis et organisations diverses. la gauche européenne doit soutenir notamment la Labour Education Foundation (LEF) qui établit des camps de secours dans les régions sinistrées, en collaboration avec le réseau d’Entraide des travailleuses ( Women Workers Help Line ), la Fédération syndicale nationale (NTUF) et le LPP ( Labour Party Pakistan ). La LEF a récolté sur place, en quelques jours, plus de 5000 dollars, ce qui lui a permis d’envoyer trois premiers camions d’aide dans les camps de secours avec de la nourriture, des tentes, des couvertures… Elle doit pouvoir compter sur la solidarité internationale.

Pierre ROUSSET

Dons:

Il n’est pas facile d’envoyer directement de l’argent à la Labour Education Foundation. Pour regrouper les envois et en réduire le coût, vous pouvez effectuer un versement sur le CCP de solidaritéS 12-9441-1 avec la mention «solidarité Pakistan» . Cet argent sera transmis à Europe Solidaire Sans Frontières (ESSF) qui le fera parvenir à la Labour Education Foundation .