Genève: la police hors-la-loi?

Genève: la police hors-la-loi?

A l’initiative de solidaritéS, la Coalition contre la guerre genevoise a convoqué un rassemblement le 23 septembre, devant la mission US pour s’opposer à l’occupation de l’Irak et en solidarité avec les manifestant-e-s anti-guerre dans le monde. Il a été interdit par le Département de justice et police de Madame Spoerry, libérale, décision bafouant un arrêt récent du Tribunal administratif suite à un recours du GSsA concernant une décision identique. Les 200 participant-e-s étaient censés rester à la place des Nations.

Cette décision est abusive et inacceptable. Le contenu de l’arrêt est des plus clairs: « Le droit à la liberté de réunion est un droit fondamental dans une société démocratique et, à l’instar du droit à la liberté d’expression, l’un des fondements de pareille société. Dès lors, il ne doit pas faire l’objet d’une interprétation restrictive » (pt 4 de l’arrêt).

« Il convient ainsi de retenir que le GSsA dispose d’un réel intérêt à pouvoir manifester devant la mission permanente américaine et non pas en un autre lieu au risque de voir la manifestation perdre son caractère symbolique » (pt 10).

Conclusion: « Le DJPS ne pouvait valablement refuser l’autorisation de manifester au GSSA sans violer la liberté de réunion. Au vu de ce qui précède le recours sera admis, la décision attaquée constituant une violation grave de la liberté de réunion du GSsA. »

La décision du DJPS amoindrit la crédibilité des institutions démocratiques de ce canton. Ces institutions souffrent de limitations qui tiennent à un système qui consacre les inégalités; mais il existe (encore) dans cette société des règles démocratiques et des libertés fondamentales garanties constitutionnellement qui doivent être respectées par les autorités.

Les participant-e-s à ce rassemblement, ont décidé d’exercer leur droit et de se rendre pacifiquement à la mission des USA. Ils/Elles ont été bloqués à mi-chemin par un barrage de policiers anti-émeute adossés à un canon à eau. Des négociations ont été tentées avec la police pour qu’elle se conforme au contenu de l’arrêt du TA et laisse passer ce cortège pacifique. Elles n’ont pas abouti! Quelques personnes ont alors symboliquement franchi ce barrage. Elles ont été reçues de manière «musclée». Après des prises de parole sur place, devant le barrage policier, les manifestant-e-s se sont dispersés… en promettant de revenir! (pv)