Nestlé Marseille: victoire partielle

Nestlé Marseille: victoire partielle

D epuis le début de la lutte, le comité d’entreprise avait assigné la direction en justice pour l’obliger à respecter le droit du travail. A l’heure qu’il est, Nestlé a été incapable de prouver le bien-fondé de la fermeture de son unité de production pour des raisons économiques. Assignée cinq fois, la direction a été à chaque fois condamnée. Le 18 mars, le tribunal de grande instance l’a même enjointe de prouver concrètement ses dires, documents à l’appui, ou de reconnaître que sa décision répondait à une stratégie économique et que les difficultés de l’entreprise avaient été sciemment organisées pour justifier sa fermeture. Par ailleurs, la direction a aussi été sommée de fournir des informations chiffrées sur les cinq dernières années.

Le 4 juillet dernier, un jugement a encore imposé à Nestlé la remise de l’usine «en état de produire», sous astreinte de 50 000 euros par jour de retard. La direction a cependant interprété ce jugement de façon très restrictive et s’est limitée à la remise en place des fluides et des services, estimant ne pas devoir reprendre la production. Un dernier jugement du 24 août est pourtant clair: la production doit reprendre. Ce devrait être chose faite le 5 septembre. La décision étant appliquée avec 60 jours de retard, les salarié-e-s demandent que Nestlé paie l’astreinte pour ces 60 jours, soit trois millions d’euros. Cela ne devrait pas mettre la multinationale en faillite. Nestlé doit maintenant accepter la seule sortie honorable possible: lever son veto à la possibilité de trouver un repreneur.

Cette victoire partielle montre l’intérêt d’une législation offrant une certaine protection contre les fermetures d’entreprises et licenciements collectifs, qui fait totalement défaut en Suisse. Cependant, ce résultat n’a pas été obtenu sans plus de deux semaines de grève, avec occupation de l’entreprise pour préserver l’outil de travail, plusieurs manifestations de rue, l’intervention d’une intersyndicale combative, la formation d’un Groupement de soutien et un appel incessant à l’opinion publique. Ce jugement est une première victoire significative. La cour d’appel pourrait encore annuler le jugement du 22 juin autorisant la fermeture de l’usine. La lutte continue.(réd.)