Les citoyens doivent reprendre le contrôle de la police!

Les citoyens doivent reprendre le contrôle de la police!

Retroussez vos manches! Un groupe se constitue à Genève dans le but de contrôler les activités légales ou illégales de la police, suite à une augmentation marquante des cas de violences, d’insultes racistes, de comportements dégradants et d’abus de pouvoirs les plus divers. On constate que les procédures pénales engagées contre les policiers violents n’aboutissent presque jamais, ce qui créé un climat d’impunité chez les forces de l’ordre. La justice pénale semble avoir renoncé à jouer le rôle de régulation qui lui donne pourtant sa légitimité. Pire, les victimes de la police sont aujourd’hui accusées de mentir et peuvent être condamnées pour calomnie ou diffamation lorsqu’elles déposent plainte.

Que faire?

Le problème étant posé, il s’agit de l’affronter de la manière la plus efficace possible. Nous envisageons la lutte sur deux axes principaux. D’abord le soutien aux victimes, qui sont souvent complètement perdues. Il faut que nous puissions les accueillir, leur offrir une première prise en charge psychologique, leur expliquer quelles sont les possibilités qu’elles ont de demander que justice soit faite et leur indiquer les premières mesures à prendre en vue du dépôt ultérieur d’une plainte pénale. Nous devrons aussi trouver de l’argent pour financer des recours contre les décisions de la Chambre d’accusation. Enfin, une réflexion s’impose sur les modes alternatifs de règlement des conflits, en particulier la conciliation, qui permettrait parfois à la victime d’obtenir des excuses et favoriserait dans certains cas une prise de conscience de l’agresseur policier.

Mais ce premier axe sera toujours insuffisant. Il faut absolument envisager des réformes du fonctionnement de la police afin de mettre celle-ci réellement au service de la population. Il y a d’abord des nouveautés faciles à mettre en œuvre, telle que l’obligation pour les gendarmes de porter un matricule visible. Il y a aussi le problème majeur de la formation des policiers, qui sont isolés de la population dès la fin de leur adolescence, ce qui limite leur compréhension de la société complexe qu’ils devraient servir et renforce à l’extrême un esprit de corps dans lequel les délits se cachent et les préjugés se perpétuent. Nous devons militer pour une formation ouverte sur le monde, qui permette aux policiers de découvrir la diversité économique, sociale et culturelle dans laquelle ils travaillent et qui leur apprendrait à désamorcer les conflits plutôt qu’à les écraser.

Démocratiser la police

Nous devons lutter pour une démocratisation de la police, qui est une chose trop importante pour que son rôle et son fonctionnement soient décidés par des hauts fonctionnaires, sous la surveillance d’un Conseiller d’Etat dont l’appartenance politique varie d’élection en élection. Tout comme la population choisit son Procureur général, elle doit pouvoir élire un groupe de quelques personnes, peut-être trois, qui joueraient ensemble le rôle actuellement confié au Chef de la police. Ces personnes, dont les postes seraient soumis régulièrement à la sanction du peuple, devraient intégrer les intérêts et sensibilités de toute la population dans la gestion des forces de l’ordre si elles entendent voir leurs mandats se renouveler.

Il faut également in­ venter et mettre en place une nouvelle structure indépendante qui serait à même de mener à bien des enquêtes en cas d’allégations de violences policières. Amnesty International a dirigé une étude sur le sujet, dont les conclusions seront bientôt rendues publiques et qui devraient mettre en avant différentes solutions. Pour tout ceci, des modifications législatives majeures seront nécessaires

Des groupes de travail ont déjà été constitués et nous cherchons également des ressources financières. Ceux et celles qui souhaitent se joindre au mouvement peuvent me contacter. Nous sommes au début d’un grand chantier qui nécessitera beaucoup de bras et d’outils!

Pierre BAYENET