Au soleil de Berne, parmi les icistes, le 18 juin

Au soleil de Berne, parmi les icistes, le 18 juin

Il fallait du courage et de la persévérance pour organiser une manif contre la xénophobie et la politique de Blocher, dans notre réalité actuelle… Solidarité sans frontière et la cinquantaine d’associations, souvent très petites et surtout minoritaires, ont gagné. La manifestation du 18 juin a été un succès, puisque 10’000 personnes sont venues exprimer leur indignation.

Et ces personnes n’étaient pas seulement les habituel-le-s militant-e-s de gauche, syndicalistes, tiers-mondistes ou humanitaires. Un certain nombre de personnes sortaient pour la première fois dans la rue, venant de villages reculés, issues de milieux chrétiens… D’avoir vu des ami-e-s de toujours, des collègues, des camarades menacé-e-s de renvoi ou même expulsé-e-s, malgré leurs pétitions et leurs lettres, les a choquées et politisées. De plus, les travailleurs et surtout les travailleuses sans statut légal, les requérant-e-s débouté-e-s ou NEM, ont osé sortir pour montrer leur réalité dans l’économie suisse.

Les bus affrétés de Genève par le Centre de contact Suisse-immigrés ou le SIT étaient pleins de «sans-papiers» avec qui nous pouvions converser, sympathiser et nous identifier. J’ai vu notamment une pancarte bouleversante «Je soigne vos grands-parents, est-ce pour cela que je suis criminelle?» En ce moment même à Genève, deux membres du groupe femmes de Collectif des travailleurs et travailleuses sans statut légal, à qui le Prix femmes exilées-femmes engagées a été décerné en grande pompe par le Maire de Genève, sont arrêtées et risquent le renvoi imminent. Des militantes tentent des actions.

Je tiens à souligner que des femmes remarquables sont à la tête du mouvement pour la dignité humaine. Je pense à Françoise Kopf de Soleure (voir son interview dans «Le Courrier» du 18 juin) qui, avec son association IGA-SOS Racisme tient tête à l’Etat de Soleure, notamment en l’assignant jusque devant le Tribunal fédéral. Et Hélène Küng, de SOS-Asile Vaud et du Service d’aide juridique aux exilé-e-s, qui coordonne aussi le Carrefour suisse d’associations NEM. Le slogan si juste «Nous sommes ici, nous sommes d’ici» bouleverse la conception de la citoyenneté. Il faut accompagner les gens vers le nouveau paradigme d’une «terre-patrie».

Belle manifestation, qui pour les Genevois-e-s, s’est terminée à la fête de la musique. Ce soir-là une foule en délire ovationnait les artistes bosniaques, débordant de vie, sous les statues rigides des Réformateurs, symboles de ces hommes de loi impitoyables. Cette ovation sonnait comme une revanche sur toutes les humiliations. A ce concert grandiose offert par le HNCR, j’ai vu des rescapé-e-s de l’horreur sourire de fierté et se laisser emporter par la joie de vivre.

Toute personne qui soutient les buts de la manifestation peut aussi signer la lettre ouverte aux membres du Conseil national (en ligne sur le site www.solidarites.ch) (mbu)