"Tout ces homophobes se réincarneront en lesbiennes, noires et sans papiers"


“Tous les homophobes se réincarneront en lesbiennes, noires et sans papier”


Ce magnifique slogan synthétisant toutes les minorités, inventé par l’association française «ProChoix», était fièrement porté le 22 juin par plusieurs participantes de la soirée de soutien de solidaritéS à la Lesbian and Gay Pride & Friends.

Maryelle Budry

Malgré la Fête de la Musique et le beau temps revenu, une soixantaine de personnes ont tenu à marquer leur soutien à la cause homosexuelle. A Paris et Berlin, des marches pour la fierté homosexuelle rassemblaient alors des centaines de milliers de personnes. L’échange et l’écoute entre lesbiennes, gays, leurs parents et ami-e-s, militant-e-s de solidaritéS, permet d’augurer du succès et de la formidable énergie de la manifestation nationale du samedi 7 juillet à Sion.


La moitié de la coordination de Sion, justement, accompagnait la charismatique Marianne Bruchez, au courage tranquille, l’une des premières lesbiennes à oser s’affirmer en Valais. Cette visibilité et le travail fait en vue de la Pride ont contribué à transformer un climat plutôt hostile dans le sens d’une ouverture et d’un dialogue qui vont en s’élargissant. A la question du bon déroulement de la Pride, les Valaisannes qu’il ne faut craindre que quelques manifestations d’intégristes religieux qui brûleront des cierges.


Le Comité d’organisation de la Pride a aussi voulu profiter de cet extraordinaire événement pour susciter une réflexion en profondeur, centrée sur l’éducation (Eduqu’à Sion). Le film It’s Elementary, visionné en première partie de notre soirée de soutien préfigure ce que peut être une éducation au respect de l’autre et de son orientation homosexuelle. Dans ce film on assiste en direct à la prise de conscience des enfants (de 4 à 16 an) de deux faits primordiaux: l’homosexualité est présente dans notre société et l’accepter naturellement permet de vivre dans la liberté. J’adore voir l’expression des visages d’enfants passer de l’étonnement choqué au sourire, quand ils apprennent qu’une personne qu’ils admirent, comme une star, ou aiment, comme leur maître ou maîtresse, sont homos.


Education


En Suisse, actuellement, il n’y a encore aucune réflexion collective dans les établissements scolaires. L’homosexualité reste un tabou dont les jeunes n’osent pas parler. J’ai été impressionnée par ce que j’ai lu, par exemple, dans Approches1, la revue des femmes protestantes, distribuée le 22 juin: «Quand ma mère l’a su, elle m’a injuriée, menacée…». «Tu m’a dit que tu respectais mon choix, mais tu as détourné ton regard». Les préjugés et le rejet poussent des jeunes au désespoir et au suicide. Stéphane Riethauser, qui a souffert du secret imposé et qui maintenant, après son coming out a décidé de devenir un professionnel de la lutte contre l’homophobie à l’école2, afin d’aider les jeunes. C’est lui qui distribue chez nous le film It’s elementary et qui a réalisé l’ouvrage A Visage découvert , témoignages de trente jeunes Suisses romand-e-s gais et lesbiennes. Ce travail force le respect et fait certainement avancer les mentalités.


Enfin, les parents et ami-e-s de lesbiennes et de gais, reconnaissant le besoin de soutien se sont regroupés en une association le FELS (sigle allemand) qui se bat contre la discrimination et l’homophobie. Cette association a besoin de se développer en Suisse romande. Anne Gaberelle, membre du FELS, venue de Fribourg, espère bien qu’après son intervention de ce soir là, un groupe genevois se mettra sur pied.3


Cette soirée n’aurait pu se réaliser sans la volonté de nos deux camarades, Eliane et Giselda, représentantes de l’Organisation suisse des lesbiennes, qui depuis plusieurs années mènent une lutte pour la reconnaissance de leurs droits. Giselda nous a rappelé que dans certains pays l’homosexualité peut signifier la mort ou la torture… La diversité de l’orientation sexuelle dérange fondamentalement l’ordre établi. C’est aussi pour cette raison que résolument engagés et solidaires, nous irons à la Gay Pride le 7 juillet.



  1. N° 181 spécial sur «L’homosexualité, parlons-en» février 2000
  2. Lambda-Education, tél. 022 320 67 50 08 ou sur le net: www.lambda-education.ch
  3. www.fels-eltern.ch ou tél. 026 322 08 31