Prendre ensemble les chemins de la lutte!

Prendre ensemble les chemins de la lutte!

Grèves à Swisssmetal, à Filtrona, journées d’action, grèves et manifestation dans la fonction publique, à Genève, Berne, Zurich, Delémont, Lausanne ou Neuchâtel, mouvements de résistances aux renvois des requérant-e-s d’asile dans le canton de Vaud, actions et manifestations des sans-papiers, sans parler de nombreuses actions collectives, peu ou pas connues, dans un atelier, sur un chantier, dans un bureau, dans un quartier ou dans un village: nous sommes toujours plus nombreuses et nombreux à refuser les diktats et l’arrogance des dominants.

Certes, ceux-ci ont encore de beaux jours devant eux: les bénéfices des banques sont faramineux, les dividendes explosent notamment à Nestlé, Novartis, Adeco ou à la Bâloise! Les licenciements individuels ou collectifs se multiplient pour accroître les profits. Précarisé-e-s et flexibilisé-e-s, les salarié-e-s sont aussi jetables après usage. Et leur pouvoir d’achat stagne ou recule. Quant au niveau des revenus, ce n’est pas mieux: selon une enquête de l’Office fédéral de la statistique de novembre 2004, la moitié des ménages dispose d’un revenu mensuel inférieur à 3737 francs. Une récente étude du Fonds national de la recherche scientifique conclut que, dans ce pays, 553000 personnes vivent dans la pauvreté, dont 232000 enfants. La Suisse reste un paradis… pour une minorité, celle que forment les employeurs, les hauts dirigeants, les gros actionnaires et les banquiers!

Mais, sous la chape de plomb du consensus mou et malgré l’individualisme à outrance produit par la mise en concurrence permanente de chacun-e contre chacun-e, des solidarités se reconstituent. Ce sont ces luttes, modestes ou d’ampleur, qui délégitiment et contestent, dans les faits, le caractère prétendument «inévitable ou naturel» des fermetures d’entreprise, des délocalisations, de la remise en cause des prestations de services publics ou encore des préjugés racistes et des renvois de réfugiés. Certes, il est difficile de gagner! Les ouvrière-er-s de Filtrona ou les sans-papiers en ont fait et en font la dure et amère expérience… Quelles que soient ces difficultés, l’action et l’organisation collective des salarié-e-s, comme de toutes celles et tous ceux qui prennent en main la défense de leurs intérêts, sont déterminantes pour modifier des rapports de force aujourd’hui, sans aucun doute très défavorables à celles et ceux «d’en bas».

Instrument indispensable pour avancer sur ce chemin des luttes, le syndicat reste le moyen d’action privilégié pour surmonter les divisions parmi les salarié-e-s, dans une entreprise ou un secteur professionnel. Constatons toutefois que moins de la moitié des salarié-e-s sont actuellement couverts par une convention collective de travail (CCT) et que la majorité d’entre elles ne contiennent guère plus de protections et de droits que ceux qui figurent dans les lois, c’est-à-dire peu! Cette réalité est lde la très grave faiblesse du mouvement syndical. Les causes en sont nombreuses, la perpétuation de la paix du travail n’étant pas la moindre. A cette étape du chemin des luttes, il est essentiel de proposer des objectifs communs, permettant de rassembler tous les salarié-e-s, avec ou sans emploi, quelque que soit leur âge, leur sexe ou leur nationalité. Sur les lieux de travail, deux exigences sont actuellement ressenties très fortement par toutes et tous: le renforcement de la protection contre les licenciements et l’instauration d’un salaire légal minimum, premier point d’appui pour agir contre le dumping salarial. Il est urgent de conquérir des droits nouveaux, sur ces deux questions, pour faire reculer l’absolutisme patronal dans les entreprises:

  • Chaque salarié-e doit avoir le droit non seulement d’être entendu-e préalablement à toute résiliation de son contrat de travail, mais aussi celui d’obtenir, en cas de licenciement abusif, sa réintégration dans l’entreprise. Et la définition juridique d’un licenciement abusif doit être élargie à tout licenciement pour lequel l’employeur ne peut pas prouver qu’il y a un motif justifié de résiliation (manquements graves et répétés aux obligations contractuelles, situation économique objectivement et durablement détériorée). En cas de licenciement d’un délégué syndical, il doit être réintégré dans l’entreprise dès que la procédure de contestation du congé est ouverte.
  • Le principe d’un droit à un salaire minimum légal, quelle que soit la branche économique dans laquelle on travaille, doit être inscrit dans la Constitution. Le montant de ce salaire mensuel devrait être fixé dans une loi, en tenant compte notamment des différences régionales du coût de la vie et du niveau des salaires dans les divers secteurs économiques. Cette loi doit cependant fixer un salaire plancher pour toutes et tous. En l’état, 3’500 francs nets par mois représentent un minimum pour un plein temps!

La discussion autour de ces deux objectifs, dans le mouvement syndical et parmi toutes les forces politiques et associatives intéressées nous paraît indispensable. Toutes et tous ensemble, nous montrerons à ceux d’en haut que leur arrogance a des limites et que nous sommes capable d’inverser la vapeur!

Jean-Michel DOLIVO