Le mariage homosexuel, une «nouvelle idéologie du mal»

Le mariage homosexuel, une «nouvelle idéologie du mal»

Dans le dernier volume d’entretiens de Jean-Paul II, publié cette année en français sous le titre Mémoire et identité, le pape dit pourquoi il perçoit le nazisme et le communisme comme les «idéologies du mal». Revenant sur les dangers qui menacent la civilisation chrétienne actuelle, il ne craint pas d’expliquer qu’il considère le droit à l’avortement, au libre choix de son orientation sexuelle ou au mariage homosexuel comme la «nouvelle idéologie du mal».

«Après la chute des régimes édifiés sur les ‘idéologies du mal’ [communisme et nazisme], dans les pays concernés, les formes d’extermination évoquées (…) ont en fait cessé. (…) [Cependant], d’autres formes de violation de la loi de Dieu ne manquent pas (…). Je pense par exemple aux fortes pressions du Parlement européen pour que soient reconnues les unions homosexuelles comme une forme alternative de famille, à laquelle reviendrait aussi le droit d’adopter. On peut et même on doit se poser la question de savoir s’il ne s’agit pas, ici encore, d’une nouvelle ‘idéologie du mal’, peut-être plus insidieuse et plus occulte, qui tente d’exploiter, contre l’homme et contre la famille même, les droits de l’homme.» (Paris, Flammarion, 2005).

OUI à la discrimination en raison des orientations sexuelles

En 1992, le cardinal Ratzinger, préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi depuis 1981 (héritage direct de l’Inquisition), a publié «Certaines considérations concernant la réponse à des propositions de loi sur la non-discrimination des personnes homosexuelles». Il ne s’agit pas simplement d’un texte d’instruction morale à l’usage des fidèles, mais d’une directive ayant l’ambition d’influer sur les législations nationales. Il est ainsi revêtu de la signature de Jean-Paul II.

On peut y lire que «dans certains domaines, tenir compte de la tendance sexuelle n’est pas une discrimination injuste; par exemple dans le placement des enfants à adopter ou leur mise en garde, l’engagement d’enseignants et d’entraîneurs de sportifs et dans le recrutement militaire».

Cette prise de position ultra-conservatrice est parue à grand bruit pendant la campagne présidentielle aux Etats-Unis. Les catholiques y étaient clairement invités à voter Bush contre Clinton. (…) Ces instructions du Vatican ont trouvé un écho favorable chez la présidente du Nicaragua, et plus encore chez le dictateur Fujimori au Pérou, généralement considéré comme très proche de l’Opus Dei. Il a immédiatement procédé à une épuration de son administration.

«Moins grave de violer une femme que d’aimer un autre homme»

En 1992, Jean-Paul II publie son nouveau «Catéchisme». C’est la cerise sur le gâteau. En matière de morale sexuelle il confine au délire: emporté par la logique de la procréation, poursuivi avec une rigueur aveugle, il édicte une échelle de valeur des péchés aberrante. Aux yeux de Rome, il est ainsi nettement moins grave de violer une femme que d’aimer un autre homme et de vivre avec lui. En effet, ces deux actes seraient l’un et l’autre dégradants pour la personne humaine, et contraires à la chasteté, mais en plus, le second serait contraire à la loi naturelle.

(Journal du Pays Basque,
«La fin de Jean-Paul II», 5 février 2005)