Libre circulation: non au référendum

Libre circulation: non au référendum

L’assemblée générale de solidaritéS-Genève du 10 janvier 2005 a décidé à une claire majorité – 34 contre 10 et 7 abstentions – à l’instar des autres groupes de solidaritéS en Suisse, de ne pas participer au lancement du référendum contre l’Arrêté fédéral sur l’extension de l’accord sur la libre circulation des personnes aux 10 nouveaux pays de l’UE, contrairement aux deux autres composantes de l’Alliance de Gauche genevoise, le Parti du Travail et les Indépendants.

Nous sommes pour la libre circulation des personnes, qui accorde des droits aux travailleurs migrant-e-s, même si nous sommes pleinement conscients de la volonté des milieux patronaux d’utiliser cet accord afin d’accroître la pression sur les conditions de travail en Suisse et si nous sommes aussi conscients des limites de ces droits. Qu’on le veuille ou non, ce référendum laisse croire que les migrant-e-s seraient la cause de la dégradation de la situation des salarié-e-s dans ce pays, alors qu’il s’agit d’une politique patronale néolibérale qui met les travailleurs-euses en concurrence entre eux à tous les niveaux. Sous couvert de lutte pour de nouveaux droits pour les salarié-e-s, c’est le principe de la libre circulation des personnes que ce référendum met en cause, contribuant à stigmatiser les migrant-e-s.

Ce référendum divise les salarié-e-s en Suisse même: la grande majorité des travailleurs-euses immigrés de ce pays ne peuvent que se sentir visés par un tel référendum qui risque de remettre en cause le premier accord sur la libre circulation, signé avec l’Europe des quinze. Seules l’obtention de droits pour tous les salarié-e-s, inscrits dans la loi et les conventions collectives, ainsi que l’organisation syndicale sur les lieux de travail pour les faire respecter, permettra de répondre aux attaques patronales d’ores et déjà à l’œuvre contre les salaires et l’emploi. Ce n’est pas en divisant les travailleurs-euses que nous créerons les meilleures conditions pour résister et obtenir de nouveaux droits pour tous les salarié-e-s dans ce pays. Il y a fort à parier qu’un référendum victorieux se traduirait par un nouveau tour de vis répressif à l’encontre de toutes les catégories d’immigré-e-s, compte tenu de la position largement majoritaire de l’extrême droite dans le rejet de cet accord.

Ce référendum nous isole enfin par rapport aux salarié-e-s des autres pays européens, ce qui ne peut qu’affaiblir notre lutte commune contre les attaques aux travailleurs, pour une harmonisation vers le haut des conditions de travail dans les différents pays et pour une alternative à cette globalisation capitaliste de plus en plus menaçante. Il compromet ainsi l’avenir du point de vue de l’unité des salarié-e-s, indispensable pour faire face aux tendances régressives actuelles et lutter pour une alternative à ce système qui privilégie à tous les niveaux les intérêts des gros actionnaires.

En revanche, l’Assemblée générale de solidaritéS, reconnaissant le caractère gravement insuffisant des «mesures d’accompagnement» comprises dans l’Arrêté fédéral sur l’extension de la libre circulation a voté à l’unanimité la proposition de dépôt d’une résolution au Grand Conseil genevois lui demandant de faire usage de son droit d’initiative en direction des Chambres fédérales pour renforcer les droits des travailleurs-euses, en proposant notamment:

  • que soit supprimée la condition restrictive de la sous enchère salariale «abusive et répétée» pour l’extension des conventions collectives;
  • que l’extension de conventions collectives soit possible à la seule demande de la partie syndicale comme c’est le cas dans d’autres pays, en France par exemple;
  • la possibilité de mise en place en place des salaires minimaux par branche et par région;
  • que soit garantie la protection des syndicalistes et des représentant-e-s des travailleurs contre les licenciements abusifs, qui fait défaut en Suisse, comme l’a souligné l’OIT tout récemment.

solidaritéS invite ses partenaires de l’ADG, toute la gauche et les verts à s’unir autour de ces propositions élémentaires contre le dumping salarial, qui ont déjà fait l’objet d’une initiative parlementaire, déposée lors de la dernière session, par notre Conseiller national membre du groupe «A Gauche toute!». Nous entreprendrons également des démarches pour que cette proposition soit relayée dans d’autres cantons par les membres de la coalition «A gauche toute!» et au-delà.

Communiqué de presse du 11 janvier 2005