Armées en action: vigilance, vigilance…

Armées en action: vigilance, vigilance…

Dans un premier temps, on se dit que pour une fois que des troufions et leur coûteux matériel servent à quelque chose d’utile, on ne va pas s’en plaindre. Mais, connaissant Colin Powel – le faucon qui fait la colombe – et ses compères de l’OTAN et d’ailleurs, on reste méfiant. À juste titre. Les armées, la transparence et la pureté des motifs cohabitent rarement. Et la guerre ne perd pas ses droits, même en cas de catastrophe humanitaire.

En Indonésie, si la province d’Aceh est restée hors de portée des secours pendant longtemps, ce n’est pas seulement à cause de la destruction des infrastructures. L’armée indonésienne a en effet bloqué l’accès à la région durant les premiers jours. (International Viewpoint, janvier 2005) Pour mieux s’en prendre à la rébellion indépendantiste?

Dans les îles indiennes de Nicobar et Andaman, porte-avions naturels de l’Inde susceptibles d’accueillir des armes nucléaires, les secours ont aussi été retardés par les ukases de l’armée.

Au Sri Lanka, si le conflit entre le gouvernement et les Tigres tamouls (LTTE) semble se circonscrire au niveau des états-majors, la présence de troupes étrangères (indiennes et américaines p. ex.) dans les régions touchées risque de relancer le conflit. Et lorsque la presse indique (Le Monde du 10.1.05) que Colin Powell a crû bon de devoir préciser que les troupes US qui se rendraient dans le nord de l’île pour y réparer un hôpital «n’avaient pas de plan pour y venir en force», on n’est pas vraiment rassuré.

Soigneusement médiatisée, comptant au départ presque autant d’officiers de presse que de soldats, l’aide américaine en Indonésie, premier pays musulman du monde, avait clairement pour objet de redorer le blason de l’armée US. Colin Powell ne s’en cachait pas: les millions de dollars promis vont «donner au monde musulman et au reste du monde, l’occasion de prendre la mesure de la générosité américaine et d’apprécier les valeurs américaines en action».

Au-delà de cette opération de propagande politique, la question du départ des troupes occidentales engagées dans cette région du monde, hautement sensible, sera rapidement posée. De nouvelles bases permanentes ne seraient en effet qu’un facteur de troubles supplémentaires. (ds)