Témoignages de trois syndicalistes palestiniens en Suisse

Témoignages de trois syndicalistes palestiniens en Suisse

«Je ne sais pas comment nous allons continuer, notre vie est devenue un enfer»

Dans le cadre de la campagne internationale des missions civiles pour la protection du peuple palestinien, deux syndicalistes suisses (Rémy Viquerat du SIB et Pierrette Iselin du SSP) avaient pris part à une mission internationaliste de 52 militants syndicaux et associatifs dans les territoires occupés du 21 avril au 5 mai 2004. Malgré tous les blocages et les check-points à passer, une majorité de personnes continuent à travailler, parfois au péril de leur vie. C’est ce comportement de résistance et cet échange qui a conduit à l’invitation d’une dizaine de syndicalistes palestiniens en France, en Suisse, en Espagne et au pays basque. En France, ils ont sillonné le pays, invités par diverses centrales syndicales et ont multiplié les rencontres et les meetings pour faire part de leur situation mais aussi pour établir les bases d’une construction commune et permanente sur plusieurs axes, en liaison avec la résistance du peuple palestinien. En Suisse, trois d’entre eux ont été invités par une série de fédérations et de mouvements et ont été soutenus par les Collectifs Urgence-Palestine. Il s’agissait de Nabil JINAWI, de Naplouse, président du syndicat national des Télécoms en Cisjordanie, de Mahmoud ZIADA, responsable du DWRC (Le Centre des droits des travailleurs à Ramallah) ayant organisé la résistance contre les conditions effroyables que subissent les personnes détenues dans les prisons israéliennes, et Ghadeer ALSHEIKH, avocate, responsable à Tulkarem d’une association de femmes Palestinian Working Women society for development.

Les rencontres ont eu lieu à Genève, Lausanne et Bâle. A Genève, après avoir passé les cols enneigés de Besançon, ils ont rencontré dans la fabrique chimique Givaudan la commission d’entreprise avec les délégués du SIB Unia qui les a reçus dans ses locaux. Le temps était trop court tellement il y avait de volontés d’en apprendre sur leur situation d’occupation. Puis ce fut le tour du syndicat des services publics genevois avec des représentants de l’hôpital qui a pu prendre connaissance des atteintes graves au niveau de la santé subies par le peuple palestinien. Une conférence de presse a eu lieu ainsi qu’un meeting le soir rassemblant plus de 100 personnes. A Lausanne, les syndicalistes ont été reçus par le SIB Unia, soutenus par le SSP et le syndicat de la Communication puis ils ont pu répondre aux questions des journalistes de la presse écrite et de la radio. Ensuite, ils ont présenté leur situation à l’Université de Lausanne où les étudiants leur avaient préparé un repas. Le moment fort de la journée était la rencontre à Crissier avec les grévistes de Filtrona. (entreprise de papier filtre de cigarettes, regroupant cent cinquante travailleurs-euses en grève pour menace de fermeture) Mahmoud Ziada leur a communiqué un vibrant message de solidarité en mentionnant le fait qu’une filiale de leur multinationale à Jérusalem-Est s’était aussi mise en grève il y a quatre ans. La journée s’est terminée par l’accueil de membres du SSM (syndicat des médias électroniques) de la Radio Suisse Romande et par une interview rapide aux infos de 18h. et de 19h. relative à la candidature de Marwan Barghouti.. Le meeting du soir avec une soixantaine de personnes a permis aussi des témoignages à relayer, malgré certaines divergences.

A Bâle, les syndicalistes ont eu une rencontre avec l’IGA, le syndicat interprofessionnel bâlois, puis une rencontre avec un journaliste de la Basler Zeitung. Ensuite ils ont participé au piquet du Comité Palestine. La journée s’est terminée par une réunion d’information avec l’union syndicale de Bâle-Ville et de Bâle Campagne, regroupant une trentaine de personnes. Le lendemain, ils prenaient l’avion pour l’Espagne où ils étaient attendus par la CGT Internationale Espagnole.

Dans leurs interventions, les syndicalistes ont fait état des problèmes multiples dus à l’occupation que subit quotidiennement le peuple palestinien, tout en développant une lutte pour les droits du peuple palestinien au cœur de leurs préoccupations et de leurs activités syndicales et militantes.

On peut juste regretter que les syndicalistes suisses n’aient encore pas suffisamment pris acte de cette volonté qui devrait se poursuivre autour des axes suivants:

  • mener contre le mur de l’apartheid une campagne permanente d’actions déterminées, collectives, unitaires avec la résistance du peuple palestinien;
  • agir pour la suspension d’accords commerciaux et militaires entre la Suisse et l’Etat d’Israël;
  • construire d’autres actions collectives de solidarité avec les travailleurs-euses de Palestine, les syndicalistes et les anti-colonialistes israélien-e-s.

Pierrette ISELIN