Dans les bacs

Dans les bacs

Blaxploitation

En 1972, sept ans après les émeutes de Watts, ghetto noir de Los Angeles, le légendaire label STAX organise le Woodstock black: Wattstax. Parmi les artistes présents, il y a Isaac Hayes, le «Black moses». Connu pour une soul un peu sirupeuse, Hayes a aussi composé des morceaux plus funky, notamment sur les bandes originales de Shaft et de Tough guys. Le concert qu’il a fait à Wattstax, qui vient de sortir en CD, commence d’ailleurs par le thème de Shaft et se conclut sur un sermon de Jessie Jackson. Un grand moment de l’histoire de la musique afro-étasunienne engagée.


Isaac Hayes, «At Wattstax», (Stax)

Ambiance urbaine

Celle qui a été vocaliste dans les tournées de notamment Ronny Jordan et Tricky, sort aujourd’hui un second album, produit par Geoff Barrow de Portishead. A cause des – ou grâce aux – turpitudes de la vie, Stephanie McKay sort un disque percutant, incisif, presque agressif. Dans une atmosphère opaque, parfois lourde, sa voix emprunte de colère s’envole. Un grande révélation dans le monde du Rythm n’ Blues.


Stephanie McKay, «McKay» (GoBeat)

Flamenco rebelde

L’Andalou Manuel Gerena a été l’une des grandes figures artistiques de l’opposition à la dictature franquiste. Aujourd’hui, la triple réédition «3 voces de un corazón» permet de redécouvrir ce chanteur de flamenco hors du commun, qui n’a eu de cesse de chanter son aspiration à la démocratie, à la justice et à l’émancipation socialiste.


Manuel Gerena, «3 voces de un corazón», (Cantatores y Poetas)

Douce mélancolie nocturne

Si la tristesse est à nouveau présente dans le dernier album des Tindersticks, elle ne se veut pas lourde, ni accablante, mais douce et sereine. Il ressort de «Waiting for the moon», où on notera un duo extraordinaire avec la chaleureuse Lhasa sur «Sometimes it hurts», un profond sentiment de calme et de douceur, de ceux que l’on ressent, seuls, face à l’aube qui apparaît dans la quiétude du petit matin.


Tindersticks, «Waiting for the moon», (Beggars Banquet)

Soul & roots

On a déjà eu l’occasion de redécouvrir Jackie Mittoo (1948-1990), pionnier du ska et fondateur des Skatalites, avec «The keyboard king at Studio One», sorti chez Soul Jazz records. Dans «Champion in the arena, 1976-1977» (réédition de l’album «Showcase» enrichi de 7 bonus tracks), Mittoo revisite, avec la complicité des mythiques Sly Dunbar et Robbie Shakespeare, les classiques de Studio One, qu’il a pour la plupart lui-même composés à l’époque.


Jackie Mittoo, «Champion in the Arena 1976 – 1977», (Blood & Fire)

¡Hola Argentina!

Nul besoin de présenter Astor Piazzolla, grand virtuose du bandonéon. L’hommage que lui rend aujourd’hui Richard Galliano, accordéoniste niçois d’origine italienne, se démarque des éternelles reprises qui s’apparentent bien souvent à de simples et pâles copies de l’œuvre du «maître argentin». Galliano revisite Piazzolla avec son septet, à la croisée des chemins entre le tango et la musette.


Richard Galliano septet, «Piazzolla Forever», (Drefus)

«J’ai huit lascars qui m’saoûlent»

Tryo, groupe reggae français rafraîchissant vient de sortir son troisième album, «Grain de sable», toujours aussi engagé et drôle. La mondialisation, la télé-poubelle, la droite au pouvoir ou encore les grandes compagnies françaises sont toujours et encore les cibles favorites du sympathique et joyeux quatuor.



Tryo, «Grain de sable», (Salut Ô/Yelen)

Un poète qui joue avec les mots

Déjà quatre disques, dont l’incroyable «Le jour du poisson», et un triple album live sous son bras, Thomas Fersen, rêveur romantique, revient avec un cinquième opus: «Pièce montée des grand jours». Une nouvelle fois, on est séduit par la beauté des paroles, douces divagations sur les choses simples de la vie, habillées sur mesure par une musique apaisante. Les sonorités tziganes donnent au disque cette atmosphère à la fois grave et lourde, comme joyeuse et festive. «Pièce montée des grand jours» est une nouvelle fois un album d’une grande cohérence. Il ne s’agit pas d’une simple succession de morceaux, mais d’une réelle pièce musicale avec, entre le début et la fin, un cheminement mélancolique, un songe malicieux.



Thomas Fersen, «Pièce montée des grands jours», (tôt ou tard)


Erik GROBET