Prestations sociales: «Aider ceux qui en ont besoin»...

Prestations sociales: «Aider ceux qui en ont besoin»…

Tel est le slogan utilisé par la droite de ce canton depuis le début de la crise des finances publiques. A partir du dépôt du projet de budget 2005, il faut bien constater que ce slogan est devenu mensonge. En effet, les attaques aux prestations se concentrent sur les chômeurs-euses, les handicapé-e-s et les personnes à l’assistance publique. Reprenons dans l’ordre.

Lorsque l’on est touché par le chômage, et que ses revenus sont amputés de 20% à 30% selon les cas, on ne peut pas dire que l’on fait partie des privilégiés du canton. Encore moins si on appartient au 50% des salarié-e-s du canton qui gagnent en-dessous de 5700 frs par mois. Or le Grand Conseil vient de voter une modification de la loi sur le chômage qui réduit la durée des emplois temporaires de douze à six mois ce qui empêchera de nombreux chômeurs de moins de 55 ans de retrouver un droit aux indemnités de chômage et conduira beaucoup d’entre eux au RMCAS ou à l’assistance publique. Le processus de paupérisation de franges significatives de salarié-e-s est ainsi accéléré et la pression sur les salaires renforcée. La Communauté genevoise d’action syndicale (CGAS) a heureusement décidé de lancer un référendum contre cette loi et nous le soutenons.

Après les chômeurs, les handicapés…

Les handicapés dont la rente d’invalide maximum est de 2110 Fr. ne peuvent vivre avec un tel montant qui n’assure pas les besoins vitaux. Dès lors, ceux qui ne disposent pas d’un deuxième pilier significatif doivent demander les prestations complémentaires fédérales et cantonales. Les prestations complémentaires fédérales assurent un revenu minimum tellement bas – 1442 Fr. par mois pour une personne seule, plus le loyer dans certaines limites et l’assurance maladie de base – que le canton complète ce revenu jusqu’à 2208 frs par mois. C’est ce montant modeste que le Conseil d’Etat veut amputer de 288 Fr. par mois – soit 13% de moins – pour le ramener au niveau des prestations complémentaires cantonales pour les personnes âgées. L’argumentaire du Conseil d’Etat est édifiant. Il prétend que le montant supérieur accordé aux invalides ne se justifie pas car ceux-ci n’auraient plus de besoins spécifiques, notamment parce que beaucoup d’entre eux ont des problèmes psychiques! Monsieur Unger en bon urgentiste ne connaît probablement pas l’importance de ressources financières suffisantes pour maintenir des liens sociaux. Mais surtout le Conseil d’Etat relève que les prestations genevoises sont les plus élevées de Suisse et qu’il convient donc de les réduire: cela constitue des inégalités de traitement inadmissible pour lui et surtout au regard de ce que touchent les personnes en âge AVS. Il n’est pas venu à l’idée du Conseil d’Etat que la prétendue inégalité de traitement aurait pu être supprimée en alignant les personnes âgées sur le montant des invalides… Reste qu’avec la modification de la loi proposée, près de 9000 invalides du canton verraient leurs revenus réduit ce 13%. Ce projet avait déjà été proposé en 1998 et refusé par le peuple avec l’ensemble du «paquet ficelé» que l’Alliance de gauche avait été la seule à combattre. Si cette loi est votée par le Grand Conseil, il faut que les organisations défendant les handicapés lancent le référendum.

Le revenu minimum attaqué

Enfin, troisième attaque aux prestations sociales, et la plus écœurante, la baisse des prestations d’assistance publique qui concerne plus de 13000 personnes à Genève. Cette mesure est scandaleuse pour deux raisons. La première est qu’elle ampute le revenu minimum le plus bas pratiqué dans le canton: 1346 Fr. par mois pour une personne seule, plus le loyer dans certaines limites et l’assurance maladie obligatoire. La baisse consécutive à l’alignement sur les normes de la Conférence suisse des institutions d’aide sociale (CSIAS) serait de 286 Fr. par mois, soit une diminution de 21%! Voilà ce qui s’appelle aider ceux qui en ont vraiment besoin… La seconde raison c’est que cette mesure est décidée par le seul Conseil d’Etat par modification d’un règlement et qu’il n’y a donc pas de référendum possible. Le Conseil d’Etat prend donc en otage les plus pauvres du canton avec l’appui des Conseillers d’Etat socialistes et vert. L’Alliance de gauche sous l’impulsion de SolidaritéS a donc déposé un projet de loi intégrant les normes actuelles dans la loi sur l’assistance. Par ailleurs une pétition est en cours de lancement par les organisations syndicales du secteur public.

Après s’être attaqué aux salaires des employés du secteur public et aux postes, c’est-à-dire aux prestations à la population et aux conditions de travail, le Conseil d’Etat touche directement les revenus d’environ 25000 personnes à Genève qui sont parmi celles qui ont le plus besoin de l’aide de l’Etat. Tout cela au nom du rétablissement des finances du canton dont nous savons que les déficits résultent des différentes baisses d’impôts consenties aux privilégiés. Faut-il rappeler qu’un contribuable célibataire avec un revenu imposable de 300000 Fr. et une fortune de 2 millions a gagné une somme de 676 frs par mois avec la seule baisse d’impôts de 12%. Quant au contribuable célibataire avec 50000 Fr. de revenu imposable et sans fortune il n’aura gagné que 67 Fr. par mois, soit dix fois moins que le contribuable qui gagne six fois plus que lui. Comparer ces montants avec ceux des coupes dont nous venons de parler. Décidément la formule qui consiste à prendre aux plus pauvres pour donner aux plus riches n’est pas un effet de style mais une pratique évidente de la droite de ce canton.

Bernard CLERC