Fonction publique: halte à la régression sociale!

Fonction publique: halte à la régression sociale!

Nous reproduisons ici l’essentiel du tract diffusé par solidaritéS à Genève à l’occasion de la mobilisation du secteur public cette semaine.

Depuis plusieurs années, au niveau de la Conférération comme de la grande majorité des cantons, la droite néolibérale active le chantier de la régression sociale avec une extrême brutalité. Defiscalisation des banques, des grandes entreprises et des plus hauts revenus, caisses vides, déficits budgétaires, libéralisation des services, compressions des salaires, précarisation de l’emploi et coupes sociales… Le scénario est partout le même, à Washington, à Bruxelles, mais aussi à Berne, où les Blocher, Mertz et Couchepin ne cessent de faire de la surenchère. Il fait désormais école dans les cantons, ceci même dans ceux, comme Genève, où la droite se targuait jusqu’à peu d’une certaine tradition de compromis social.

Quelque chose a fondamentalement changé dans l’air du temps. Les salarié-e-s le sentent de plus en plus nettement, de même que les usager-e-s des services publics et les bénéficiaires des prestations sociales. Il ne s’agit pas seulement d’une politique, qu’il serait possible d’inverser durablement à la faveur d’un changement de majorité politique, mais d’un nouveau régime d’accumulation capitaliste, de plus en plus prédateur et inégalitaire. Tous les moyens doivent donc être mis en oeuvre pour le combattre. Il convient en effet de prendre la mesure du défi qu’il représente pour l’ensemble des acquis sociaux et, au-delà, pour tout projet de civilisation fondé sur l’épanouissement collectif.

Une bataille syndicale pas comme les autres…

Depuis le début des années 90, la fonction publique cantonale a offert une résistance opiniâtre au démantèlement social. De même, la population s’est mobilisée plus d’une fois pour défendre des services ou des prestations attaqués. A plus d’une reprise, il a été possible de mettre un cran d’arrêt à tel ou tel projet de la droite. Mais la logique de ce système, au service d’intérêts privés très concentrés, n’a cessé de poursuivre sa route, tel un bulldozer. On vient d’apprendre que l’UBS avait financé une nouvelle fois la campagne présidentielle de George W. Bush. Ce n’est pas un hasard…

La défense des conditions de travail dans la fonction publique n’est pas une bataille syndicale comme les autres. D’abord, parce qu’elle se confronte directement au patron-Etat, inféodé de plus en plus directement aux centres de décision du grand patronat, mais aussi parce qu’elle a pour arbitre immédiat le citoyen-usager-contribuable, de plus en plus fragilisé par les restructurations économiques en cours. Les salarié-e-s du public doivent prendre conscience, qu’en défendant leurs conditions de travail, il prennent aussi en charge les intérêts de l’ensemble de la population, attachée à des prestations indispensables.

Combattre le mal à la racine

A celle et ceux qui n’en seraient pas convaincus, l’Etat de Genève a tout fait pour deciller les yeux. Tout d’abord, en allègeant systématiquement la charge fiscale des nantis. Ainsi, la baisse linéaire de 12% des impôts sur le revenu des personnes physiques, introduite sur proposition des libéraux, a profité pour plus de la moitié aux contribuables dont le revenu imposable dépassait 150000 francs. En revanche, pour 80800 contribuables dont le revenu imposable était inférieur à 30000 Fr., elle a représenté une «économie» moyenne de 37 Fr. par an! Cette baisse est pourtant responsable d’une perte de 400 millions pour l’Etat, soit de la quasi-totalité des déficits actuels et de l’augmentation de la dette d’environ un milliard. En même temps, le Conseil d’Etat unanime – y compris les magistrats socialistes et vert – fait peser l’essentiel des économies du budget 2005, hormis sur les fonctionnaires, sur la fraction de la population la plus défavorisée: chômeurs, personnes à l’assistance et handicapés, femmes et hommes.

Pour ouvrir des perspectives à la résistance, il faut donc attaquer le mal à la racine. C’est pourquoi, nous refusons de débattre de la «saine gestion» de déficits qui ont été sciemment programmés. Afin de défendre les conditions de travail et les prestations à la population, il faut revenir sur la défiscalisation des privilégiés. C’est pourquoi nous proposons de supprimer par paliers, à partir d’un revenu imposable de 100000 Fr. (130000 Fr. pour les couples) et jusqu’à 230000 Fr., l’abattement de 12% des impôts sur les personnes physiques. En plus, nous défendons l’introduction d’un prélèvement minimal sur la part des fortunes privées qui dépasse 1,5 million, tant que les comptes de fonctionnement sont déficitaires et que la dette financière dépasse l’équivalent d’une année de revenus de l’Etat. Ces deux mesures cumulées devraient rapporter immédiatement 250 millions par an.

Toutes et tous ensemble!

Une telle option doit être défendue par un large front de salarié-e-s, d’usagers-ères et de bénénéficiaires de prestations. C’est pourquoi nous proposons le lancement rapide d’une initiative populaire avec de tels objectifs. En même temps, chaque service et chque prestation doit être défendu pied à pied contre la dégradation et la privatrisation rampantes. C’est le sens d’une série de pétitions, référendums et initiatives en cours, mais aussi de mobilisations sur le terrain. Nous les appuyons résolument. Enfin, les journées d’action et de grève de la fonction publique sont indispensables à tout effort de résistance de grande envergure. Il faut tout faire pour les soutenir dans la durée.

Afin de construire une résistance de longue durée, à la hauteur des enjeux, il faut commencer tout d’abord par revendiquer haut et fort la légitimité de nos luttes. Il est non seulement juste mais nécessaire de se révolter contre une telle croissance des inégalités et contre un tel projet social fondé sur la loi du plus fort! Plus que jamais, la résistance à la deshumanisation de la société est l’affaire de toutes et de tous, sur les lieux de travail, dans la rue, au sein des associations, dans les parlements, etc.

Cette semaine de lutte des services publics est l’occasion de nous rassembler autour de l’ensemble de ces batailles et de défiler au coude à coude pour dire:

NON À LA RÉGRESSION SOCIALE!
NON À L’EXPLOSION DES INÉGALITES!
NON À LA POLITIQUE PROGRAMMÉE DES CAISSES VIDES!
OUI À LA PROMOTION DU BIEN COMMUN!
OUI À LA DÉFENSE DE NOS DROITS!
OUI À UNE SOCIÉTÉ SOLIDAIRE!