A Soleure, solidarité avec les NEM

A Soleure, solidarité avec les NEM

Nous l’avions déjà dénoncé: depuis le 1er avril, la pratique du droit d’asile s’est encore durcie. Les personnes dont la demande d’asile est frappée d’une décision de non-entrée en matière, surnommées les NEM dans le sabir administratif, sont exclues du système social et sommées de disparaître au plus vite du sol helvétique.

Que vivent vraiment ces requérant-e-s d’asile? Dans certains cantons, dont Genève, une aide ultra-minimale est accordée au coup par coup, assortie de pressions au départ. Dans d’autres cantons, un toit et un repas par jour ne sont même pas garantis.

Un Carrefour national d’associations autour des personnes frappées de NEM s’est organisé en octobre et des actions nationales prennent corps. Une première action vient d’être montée à Soleure le 2 novembre par IGA-SOS Racisme. Un autocar rempli de requérant-e-s débouté-e-s a promené des journalistes sur les lieux soit-disant d’accueil: baraquement fermés ou vidés de leurs habitants. Les débouté-e-s de l’asile deviennent des sans-droits, sans-papiers, sans domicile, sans soins, sans ressources… Il est difficile de les dénombrer et chaque non-entrée en matière augmente en produit de nouveaux. Des militant-e-s d’associations ont raconté ce qui se passe dans leur canton: en Suisse alémanique, l’absence de toute structure est particulièrement criante et les personnes qui cherchent à aider sont elles-mêmes poursuivies. Des actions de dénonciation auront lieu à Bâle dans les nuits du 19 au 20 novembre et du 17au 18 décembre.

Une pétition va être adressée à la Conférence des directeurs cantonaux des affaires sociales pour demander de la dignité, un toit, trois repas par jour et des soins. Car en pratique les NEM ne peuvent être tous expulsés. Dans ces conditions, elles et ils ne peuvent que basculer dans une délinquance de survie qui dégradera toute la société suisse.. De plus, l’absence de toute aide médicale pourrait engendrer des maladies contagieuses, voire des épidémies. Un simple bon sens, à défaut d’humanité, devrait arrêter les autorités sur leur pente fatale. Une action d’envoi de cartes postales aux Chambres fédérales avec un message bref et percutant doit largement populariser l’existence de ces procédures inhumaines.

Dans le car à Soleure, j’étais aux côtés d’un Nigérian débouté par le canton de Lucerne. La nuit tombée, nous regardions ensemble les lumières des appartements confortables et des bistrots accueillants de la «ville des ambassadeurs». Lui, de la Suisse n’aura connu que la misère noire et froide. (mbu)