Muncipales au Brésil: défaite du PT
Muncipales au Brésil: défaite du PT
À lissue du deuxième tour des élections municipales brésiliennes, le 31 octobre, le Parti des travailleurs (PT) perd São Paulo et Porto Alegre.*
Le Parti des travailleurs a perdu le 31 oc-tobre les villes de São Paulo, Porto Alegre, Santos, Curitiba, Maringa, Goias et de Belem. Il avait déjà perdu Rio de Janeiro au premier tour. Il a en revanche gagné les villes de Fortaleza et de Vitoria. Certes, le 2 octobre, à lissue du premier tour de ces municipales, le parti avait obtenu des résultats honorables dans toute une série de villes, petites et moyennes, mais la perte de métropoles comme São Paulo, Rio et, surtout, de la ville symbole de Porto Alegre signe une sanction de la politique du gouvernement Lula de la part dun secteur important des classes populaires.
À São Paulo, lélection municipale avait valeur de test national. Marta Suplicy, ex-maire et idole des meetings de la gauche plurielle en France en 2002, a obtenu seulement 45 % des voix contre José Serra, le leader du Parti de la social-démocratie brésilienne (PSDB), qui a recueilli plus de 55 % des voix. Elle représentait la pointe avancée de la ligne du nouveau PT de Lula. On ne peut expliquer cette défaite par des raisons personnelles, comme le fait José Genuino, patron du PT. Selon lui, il y aurait «un rejet de Marta par la population». Il sagit en fait dune sanction de la politique du gouvernement Lula, en particulier de la part des quartiers ouvriers et populaires, de la part des salariés de la métallurgie de São Paulo, où Lula fit ses premiers pas de syndicaliste. La victoire de José Serra poulain de Fernando Henrique Cardoso consacre lémergence du PSDB comme pôle de toute la droite brésilienne pour affronter léchéance de lélection présidentielle en 2006.
Le PT perd aussi une ville symbole: Porto Alegre, ville du Forum social mondial, ville dirigée par ce parti depuis seize ans. Dans cette ville et région le Rio Grande do Sul , le PT a été animé par le courant Démocratie socialiste courant de la IVe Internationale au Brésil dont Raul Pont est un des principaux responsables. Ce dernier a obtenu 46,6 % des suffrages contre 53,3 % pour José Fogaça, représentant de la droite locale. Malgré certaines déclarations de Raul Pont prenant des distances avec la politique gouvernementale, la politique municipale de Porto Alegre, en affirmant sa solidarité avec celle du PT national, a été associée au bilan Lula. Soulignons quen pleine campagne électorale, Lula, lui, ne sest pas gêné pour disqualifier le Forum social mondial, le qualifiant de «grande foire idéologique». Cette défaite est un mauvais coup porté non seulement à la gauche du PT mais à lensemble du mouvement ouvrier et populaire brésilien et, au-delà, au mouvement altermondialiste.
Porto Alegre a été le berceau dexpériences comme celle du budget participatif; des milliers de travailleurs et de citoyens pouvaient peser sur les choix de la commune. Mais laustérité budgétaire et les politiques néolibérales du gouvernement central ont eu raison des mobilisations citoyennes pour imposer dautres choix. De cette grisaille émerge une bonne nouvelle: la victoire du PT à Fortaleza, où Luiziana Lins, par ailleurs animatrice de la DS, a obtenu 56 % des suffrages contre le candidat de droite du Parti du front libéral (PFL), Moroni Torgan. Cette victoire est dautant plus significative que la direction nationale du PT, et Lula en personne, avaient au premier tour, soutenu un autre candidat. Luiziana Lins, députée, sest opposée aux réformes néolibérales du gouvernement et à la politique de soumission aux diktats du FMI. Elle a voté contre la réforme des retraites, et sa campagne sest largement démarquée de la campagne officielle du PT. Ces résultats mettent à lordre du jour une alternative de gauche à la politique gouvernementale.
La poussée de la droite, les désillusions et la confusion politique existant aujourdhui dans lélectorat résultent de lorientation décidée par la direction du PT. Il faut, maintenant, sur la base des mobilisations sociales, créer les conditions dune convergence de tous les secteurs de la gauche brésilienne opposés à la politique du gouvernement.
François SABADO
* Article tiré de Rouge.