La Poste est mécontente de ses résultats financiers !


La poste est mécontente de ses résultats financiers !


Avec 6022 milliards de francs de chiffres d’affaires et une plus-value de 118 millions, la direction du géant jaune constate qu’«un bénéfice de cet ordre ne suffit pas à la Poste pour autofinancer ses investissements futurs sur le marché libéralisé»1.

Olivier Salamin

L’objectif stratégique de la direction de La Poste et de son conseil d’administration (cf encadré) où siègent des représentants de multinationales, ont un objectif clair: obtenir à moyen terme les rendements suffisants pour affronter la complète libéralisation. La Loi fédérale sur la Poste (LPO) précise la teneur du service postal public. La contrepartie de l’exploitation du service universel est établie par l’existence du monopole de la distribution des objets de moins de 2 kg. Comme cette entrave à la liberté du commerce devrait tôt ou tard disparaître, la Poste doit se préparer à affronter ses concurrents. La poste à des obligations de rentabilité et elle doit s’y attacher. L’aspect du service au public n’est évoqué, par la direction, que dans la mesure où il représente un enjeux de sa politique de communication. Ainsi ce dispositif légal extrê-mement sommaire ne constitue pas une garantie à terme de la pérennité du réseau des offices postaux. Aucune entrave légale n’est faite à l’exploitant pour la suppression des offices. On peut imaginer la généralisation de guichets motorisés, déjà proposés par la Poste.


Une initiative pour sauver la Poste ?


Au printemps 2000, un début de mobilisation des usagers avait pris forme et la pétition, du syndicat Communications, «touche pas à ma poste» rassemblait plus de 125 000 signatures. Nous avions, avec l’Alliance de gauche, en janvier 2000, soumis à la gauche romande, un projet d’initiative fédérale2 définissant dans la Constitution les obligations de maintien du service public. Ce projet n’a malheureusement pas abouti et la mobilisation citoyenne n’a pas fait sourcillé le conseil d’administration de la Poste. Cependant aujourd’hui, le syndicat Communications propose un nouveau texte d’initiative fédérale et se prépare à le lancer cet automne. (Cf encadré) Nous ne pouvons malheureusement que constater que le projet soumis est dérisoire. Il est vrai que la direction du syndicat en question, ne s’est jamais clairement opposé à la privatisation des services postaux et que depuis 1997, il fait avaler la pilule aux salariés-ées du secteur. Il s’agit donc plus d’une opération de dédouanement qu’une réelle offensive politique. En effet, la sauvegarde du réseau postal et d’un service public digne de ce nom ne peut-être réalisée par le texte proposé. Il est illusoire de penser que cette initiative qui pourrait être soumise au verdict populaire dans cinq ans, freinerait aujourd’hui le démantèlement du secteur postal. La Poste a planifié sa restructuration et elle arrivera à un premier terme en 2005.


Marché ou service public


Fondamentalement le débat se situe sur cet axe. On oppose la soi-disant efficacité du marché à la bureaucratie du service public. Les chantres du néo-libéralisme avec l’appui d’une large couche de la social-démocratie, travaillent dans ce sens. La lutte contre le démontage des offices postaux s’articule dans cette problématique. Nous refusons de libéraliser les créneaux les plus juteux aux profits des actionnaires et d’éponger les déficits de la distribution citoyenne. Les gros clients verront leurs coûts baisser et la collectivité assumera les déficits d’un hypothétique futur réseau postal. Seul un monopole public de qualité est à même d’éviter que la collectivité ne s’acquitte par la fiscalité des tâches non rentables. Force est de constater qu’aujourd’hui personne ne s’y retrouve. Les salariés n’ont aucune garantie, les usagers encore moins.


Quelle lutte pour battre la libéralisation?


Les assises de la poste, convoquées à l’initiative d’Attac, seront un premier pas. Il faut créer les conditions d’un réel débat public, et drainer les couches émergeantes d’une jeunesse radicale contre la mondialisation, vers la lutte de la défense des services publics de base que sont la Poste ou la distribution de l’électricité. Malheureusement, l’Helvétie n’a que trop rarement connu des niveaux de mobilisation populaire suffisants pour faire reculer les lobby économiques et les chiens de garde du Conseil fédéral. Il nous faudra peut-être utiliser les moyens d’une initiative fédérale radicale pour ouvrir un réel débat de société. En son temps, quelques utopistes voulaient supprimer l’armée…



  1. Communiqué n°13 – La Poste – du 10.4.2001
  2. solidaritéS – n°102 du 24.1.2000



L’initiative fédérale proposée par le syndicat Communications


Art. 92


al. 1 actuel


Les services postaux et le télécommunications relèvent de la compétence de la Confédération.


al. 2 actuel


La Confédération veille à ce qu’un service postal universel suffisant en matière de services postaux et de télécommunications soit assuré à des prix raisonnables dans toutes les régions du pays. Les tarifs sont fixés selon des principes uniformes.


al. 3 nouveau


La Confédération garantit un service postal universel conforme aux besoins et aux attentes de la population et de l’économie. Cet objectif nécessite un réseau d’offices de poste qui couvre l’ensemble du pays. La Confédération veille à ce que les communes soient associées aux décisions relatives au réseau des offices de poste.


al. 4 nouveau


Les coûts occasionnés par le service postal universel, qui ne sont couverts ni par les recettes du domaine réservé, ni par les taxes de concessions, sont pris en charge par la Confédération.