Nestlé-Sarkosy contre les salariés de Perrier

Nestlé-Sarkosy contre les salariés de Perrier

Après avoir subi les pressions de Sarkozy, de
Nestlé, de la presse, voire peut-être de la confédération,
la CGT-Perrier a accepté de lever son
opposition au «plan social» imposé par la grande
multinationale helvétique. Sarkozy a foncé.
Contactant directement Nestlé et Bernard Thibault,
président de la CGT, il a annoncé lui-même que
Nestlé préservera l’entreprise si le syndicat accepte
le plan social qui se traduit par 1047 départs en préretraites
sur 4100 emplois.

Dans le Gard, tout le monde a un voisin, un ami, qui
travaille à Perrier ou à la verrerie, principales entreprises
du département. Beaucoup rappellent que les
projets de démantèlement ont commencé avec
l’OPA de Nestlé sur Perrier, il y a dix ans: «Il s’agissait
avant tout d’éliminer, en l’absorbant, le principal
concurrent au développement du marché de l’eau en
bouteille.» D’autres insistent sur les liens de M.
Girardot, PDG de Nestlé Waters France et ancien
directeur de la source de Vergèze: «Il a des amis
personnels au gouvernement».

Un retraité qui avait d’importantes responsabilités
syndicales, insiste sur le fait que, contrairement à
l’opinion entretenue par les médias, ce n’est pas
simplement le plan social qui a été refusé par la
CGT, mais un ensemble de mesures, «le projet
Globe», qui mettait en cause le statut avancé que les
salarié-e-s avaient conquis depuis des décennies.
Ce projet comprenait l’externalisation de services et
la délocalisation du centre administratif à Francfort.
Le plan social actuel ne serait qu’un début. Le personnel
employé sur ces activités passerait alors
sous la responsabilité des entreprises sous-traitantes.
Il perdrait son statut et la convention collective
Perrier. L’enjeu est donc énorme dans le bras de fer
entre Nestlé et la CGT, très majoritaire (55% sur le
groupe).

Certains ont dit que la CGT, si elle acceptait de lever
son opposition en échange d’un investissement,
«s’en sortirait la tête haute». Mais c’est surtout
Sarkozy qui a redoré son blason dans cette affaire,
alors que Nestlé se contente de vagues promesses.
La confédération CGT, après avoir mis en garde ses
syndicats sur les dangers d’utiliser son droit d’opposition
(car cela rejette à la fois ce qui est négatif et
ce qui est… positif), n’a lancé aucune campagne
nationale, ni sur Perrier, ni sur les licenciements.
Son syndicat est donc isolé. Dans la région, des
comités de soutien très larges, dans chaque ville ou
village, «contre les licenciements dans un groupe
qui fait des profits» sont possibles, afin de soutenir
la mobilisation.