Après le 26 septembre, résister encore... et toujours!

Après le 26 septembre, résister encore… et toujours!

«Ce week-end il y a eu match nul entre naturalisations
et congé maternité, ça fait un à un», déclarait
cyniquement Ueli Maurer, président de
l’UDC, au lendemain du vote. Au soir du vote, le PSS
titrait «Avancée historique dans la politique de la famille
– réaffirmation de l’attachement populaire au service
public», tout en regrettant le refus des deux mesures
pour la naturalisation facilitée des jeunes étrangers, en
déplorant la campagne raciste de l’UDC… et en
condamnant l’attitude de Blocher, qui ne s’en est pas
«distancé» et ne s’est pas «engagé pour défendre la
position du Conseil fédéral».

Sur ce point, le conseiller fédéral du PSS Leuenberger n’avait
aucun reproche à se faire: «Le score de l’initiative postale
est relativement serré, ce qui montre que l’engagement
d’un conseiller fédéral a de l’influence», déclarait-il.
Quant à economiesuisse, elle pouvait ainsi tirer de ce vote
la conclusion suivante: une «ouverture rapide du marché
postal» s’impose pour «provoquer des gains d’efficacité
et optimiser la qualité des services postaux.» Cette même
officine patronale commence aujourd’hui la campagne
pour Schengen-Dublin, à coups de millions…

Le ralliement aux mesures policières et anti-asile de
l’Europe du Capital va ainsi être vendu comme un signe
d’«ouverture», pour battre les racistes ultra-réactionnaires
de l’UDC sur les Bilatérales bis en juin. Et le PSS
appelle à la solidarité avec ce gouvernement, qui s’est
pourtant rallié au durcissement des lois sur l’asile et
contre les étrangers, et qui vient de déposer son projet
de démontage de l’Assurance Invalidité.

Couchepin monte au créneau médiatique pour dénoncer
son collègue Blocher comme un «danger pour la démocratie
» et, dans un même souffle, répéter sa conviction
qu’on n’échappera pas à une augmentation de la TVA antisociale
et régressive et à une élévation de l’âge de la retraite,
toutes deux refusées par le peuple le 16 mai dernier.
Pendant ce temps, la machine UDC tourne à fond: projets
de durcissement de la LEtr et de la LAsi, «pour éviter
de voir un réel sentiment xénophobe naître dans les
pays», annonce d’initiatives pour priver les doubles
nationaux qui refusent de renoncer à leur passeport
étranger de la citoyenneté suisse, attaque à la norme
pénale antiraciste, etc. Bref, orchestration d’un «pire»,
qui permet de faire passer les partisans «ordinaires» du
racisme d’Etat, du démantèlement social et des privatisations,
pour des gens respectables, avec qui il serait
légitime de se mettre d’accord pour un «sursaut républicain».

Le vote de l’assurance maternité n’est pas «la quatrième
victoire remportée par le PS cette année», mais le fruit
d’un travail de terrain acharné, depuis des dizaines d’années,
par des générations de militant-e-s. En ce sens c’est
une victoire historique, aussi modeste soit-elle.
Contrairement à ce que serinent les milieux patronaux,
elle peut servir de tremplin à de nouveaux développements,
y compris au niveau cantonal (extension de sa
durée et de ses bénéficiaires — femmes non salariées —
salaire versé à 100%, prise en compte de l’adoption,
congé parental, etc.). En même temps, le démontage en
cours des assurances sociales: (AVS, AI, assurance chômage,
santé) doit être combattu avec une énergie renouvelée.
Sur ce terrain l’aboutissement de l’initiative fédérale:
«Pour une caisse-maladie unique et sociale» revêt une
grande importance dans les semaines qui viennent!

Sur le plan de la «politique des étrangers» et de la xénophobie
d’Etat, il est indispensable de dénoncer les campagnes
racistes nauséabondes de l’UDC et de ses sbires.
Parallèlement, il est tout aussi nécessaire de travailler à
la construction d’un front de résistance aux politiques
xénophobes et racistes incarnées par la révision des lois
sur les étrangers (LEtr) et sur l’asile (LAsi), Pour cela, il
faut aussi combattre les fauteurs d’insécurité sociale, qui
fournissent des clients à la pseudo-opposition de l’UDC,
de même que les milieux patronaux, qui se félicitent
d’exploiter des étranger-e-s privés de droits et affaiblis
par la xénophobie ambiante…

Sur le front de la résistance aux libéralisations-privatisations,
la défense du service public ne saurait se contenter
du «carton jaune» donné au Conseil fédéral par le vote sur
l’initiative «Poste pour tous»: la résistance sur le terrain
doit se renforcer. En même temps, nous devons aussi
nous préparer sérieusement à la bataille de l’électricité,
puisqu’une LME-bis va nous être resservie. Dans ce
domaine, il faudra oser une opposition frontale – comme
nous l’avons fait en lançant le référendum contre la LME –
en refusant le principe même de la régulation par le marché,
plutôt que par un contrôle démocratique fondé sur
des exigences environnementales et sociales. C’est un pas
que l’initiative postale n’avait pas osé préconiser.

Pierre VANEK