Hôpital malade: le ras-le-bol du personnel
Hôpital malade: le ras-le-bol du personnel
Nous avons posé trois questions à Anne-Marie Crausaz, infirmière spécialisée qui travaille à lunité de pédopsychiatrie de Hôpital. Elle est militante du SSP et très active dans la préparation de la grève du 23 septembre à Genève.
Dans ta pratique professionnelle quotidienne, quels sont les effets de la politique de la droite néolibérale à lhôpital, ces dernières années?
A la base, mon travail est déjà contraignant particulièrement à cause des horaires irréguliers. A cela viennent se rajouter les difficultés structurelles comme le blocage du personnel. Lorsque des collègues sont en longs congés maladie, ils/elles ne sont pas remplacés et on doit travailler avec le même nombre de patients tout en ayant moins de personne dans léquipe.
Actuellement il faut remplir tous les temps. Parfois il arrive que notre unité soit plus calme et pendant la nuit on nous demande de faire des tâches ménagères (nettoyer le frigo, les armoires, etc.)
Nous subissons de forte pression en vue de «rationaliser» notre travail. Cela se traduit par une mauvaise transmission des informations pour léquipe suivante. Pour moi, cest une frustration car le/la patient-e doit être considérée comme un être complexe. Aujourdhui, on aborde la personne avec une logique marchande; or elle ne peut pas être réduite à une somme de problèmes, quil va falloir résoudre au plus vite pour quelle sorte rapidement en coûtant le moins cher possible.
Les prestations à la population sont-elles touchées?
De manière générale, il y a une forte pression à diminuer les jours dhospitalisation. Nous devons concentrer les examens et les soins. On veut nous faire faire «plus vite et mieux» en moins de temps, ainsi quenchaîner les tâches sans répit. Le résulte se traduit par une fatigue accrue et une plus grand difficulté à se concentrer. Ce rythme de travail entraîne une nette diminution de notre disponibilité pour le patient. Mon travail, par exemple, devrait être centré sur lécoute, mais lorsque lunité est surchargée ma capacité découte est moindre et je risque de donner une mauvaise réponse au besoin du patient.
Comment va sorganiser la grève à lhôpital?
Je constate un réel ras-le-bol du personnel. Ils/elles sont fâchés de ne pas être reconnus dans leurs difficultés quotidiennes de travail, tant au niveau de la charge que des horaires. A lhôpital un des points forts de la journée sera lassemblée du personnel qui traitera de la privatisation secteur par secteur, du non respect de laccord hospitalier et de ses conséquences, ainsi que de la suite indispensable à donner à notre mobilisation…
Propos recueillis par Maria CASARES