Halte aux déficits sociaux!

Halte aux déficits sociaux!

Les élections d’octobre 2003 ont déplacé le centre de gravité politique du pays vers la droite. Au Conseil fédéral, le duo Blocher-Merz s’emploie à transformer l’essai, Couchepin y travaille en matière de démantèlement des assurances sociales, Leuenberger relance ses projets en matière de privatisation-libéralisation, Micheline Calmy-Rey en est réduite à défendre le secret bancaire et prévoit les mesures d’accompagnement des expulsions blochériennes…

Début juillet, Merz faisait la une des médias. Le Conseil fédéral l’avait chargé de «réfléchir» à une série de mesures «provocantes». En vrac, diminuer les dépenses de l’Etat de 40%, privatiser les assurances sociales, supprimer toute aide à la construction de logement, privatiser les CFF, etc. Rien de nouveau: ni procédé, ni contenu ! Ces mesures sont dans le Livre blanc publié par le grand patronat il y a 10 ans. Pas besoin de réfléchir, Merz n’a eu qu’à couper/coller. Sa dernière nouveauté la Flat Tax, suppression de la progressivité de l’impôt, au nom de la «simplification» du système est une idée à Reagan et Thatcher.

L’objectif est clair: chaque 6 mois, les médias mettent en avant de telles «provocations». Quand ensuite le Gouvernement annonce qu’il diminuera les dépenses de 10% «seulement», on est censé se réjouir!

Mais, au-delà des effets de manche, on voit une accentuation inexorable de la politique des «caisses vides»: baisses d’impôts pour les possédants d’un côté et austérité pour les salarié-e-s de l’autre, c’ est un levier essentiel du démantèlement des services publics et du social.

Rappelons-nous du 16 mai 2004. La population suisse disposant du droit de vote a pu se prononcer sur un «paquet fiscal» devant entraîner une baisse de recettes de 1,5 et de 2,5 milliards pour la Confédération et les cantons. Le Conseil fédéral annonçait qu’il présenterait, après ce vote, un nouveau programme d’économies pour compenser la diminution des revenus fédéraux due au dit paquet. Il parlait de 2 milliards.

Le 16 mai, le «paquet» a été refusé par deux tiers des votant-e-s, en dépit d’une campagne furieuse du Conseil fédéral, des partis bourgeois et des patrons. Mais, ce revers n’a pas freiné les artisans de la politique des caisses vides. Au lendemain du vote, Merz déclarait que le nouveau plan d’austérité était maintenu! Quelques semaines plus tard, comme s’il ne s’était rien passé, le Conseil fédéral a présenté un sévère programme d’économies portant sur le même montant que celui annoncé avant le 16 mai. Principales cibles: les employé-e-s de la Confédération (1000 postes supprimés!), les dépenses sociales, l’aide au développement, l’asile et le trafic régional.

Quant au paquet fiscal lui-même, le Conseil fédéral a annoncé, avec une tranquille arrogance, qu’il allait le resoumettre au vote, sans modification notable. En y ajoutant probablement une baisse substantielle de l’imposition des bénéfices des entreprises (manque à gagner: 100 millions pour la Confédération et 700 millions pour les cantons). Seule différence, au lieu de lier les diverses mesures en paquet, elles vont être présentées successivement.

Cette arrogance est possible, faute d’une opposition véritable. Le PSS n’en est pas une. Depuis soixante ans, il est intégré à un Gouvernement dominé par la droite. Dans son optique, les batailles référendaires auquel il se résout, ne sont guère utilisées pour stimuler la mobilisation des salarié-e-s. Il s’agit plutôt de faire pression pour obtenir des partenaires de droite au Gouvernement, une ou deux concessions, en modérant le rythme de telle ou telle attaque.

Aujourd’hui, cette tactique fait long feu. Face à une droite musclée et décidée, même une victoire comme le 16 mai dernier, ne permet plus d’obtenir de concessions sous la coupole. Ainsi, les référendums, s’ils sont indispensables, ne suffisent plus. A dire vrai, ils n’ont jamais suffi.

Il est urgent de contrer la politique des caisses vides par des perspectives en positif, sous forme notamment de propositions de réformes fiscales, sur lesquelles réfléchir et s’engager. Il est indispensable que les salarié-e-s et les usager-e-s se mobilisent, manifestent, se mettent en grève… en dernière instance c’est cette mobilisation sociale qui sera déterminante pour contrer le rouleau compresseur néolibéral. C’est le sens de la mobilisation du 23 septembre…

Pierre VANEK