Maternité, poste, naturalisations: pour un 4xOUI critique et mobilisateur!

Maternité, poste, naturalisations: pour un 4xOUI critique et mobilisateur!

SolidaritéS appelle au 4xOUI. Un sondage SSR donne 69% de OUI à l’assurance-maternité, 75% et 68% de OUI à la naturalisation facilitée des jeunes étrangers-ères de la deuxième génération et à l’octroi du passeport à ceux de la troisième. Il est probable que «Poste pour tous» obtienne aussi un bon résultat… Mais pour aller au-delà de ces propositions minimales, les OUI devront être le plus massif possible!

Un NON à l’assurance-maternité, suite au référendum ultraréactionnaire et antisocial de l’UDC, un NON xénophobe aux modifications du droit de la nationalité, tel que prôné par le parti blochérien, et même un NON à l’initiative sur la poste au nom du satisfecit auto-décerné par le ministre du PS Leuenberger à sa politique de libéralisation-privatisation, seraient des coups sérieux portés aux intérêts de la grande majorité de la population.

Pourtant, nos OUI sont critiques. Et pour aller de l’avant demain, rien ne serait plus faux que de le taire aujourd’hui. Pour l’assurance maternité, le projet est ultra-minimaliste. Pierre Triponez, directeur radical de la fort réactionnaire USAM (Union Suisse des Arts et Métiers), qui assume la paternité du projet l’a reconnu, à sa façon, lors d’une récente conférence de presse: «Les milieux patronaux […] sont unanimes sur un point: le mandat constitutionnel de 1945 ne pourrait être rempli de manière moins coûteuse.»

Le Conseil fédéral confirme de son côté qu’avec cette variante light: «Les employeurs pourront s’attendre à un allègement supérieur à 100 millions par an, même après l’augmentation modeste du taux de cotisation.» A la trappe les 16 semaines du projet de 1999, pas d’indemnisation en cas d’adoption, rien pour les femmes sans activité salariée, et bien sûr niet pour ce qui est d’un congé parental, qui pourtant existe déjà ailleurs…

Critiques, on doit aussi l’être quant aux réformes en matière de passeport helvétique. Pour leur timidité par rapport à nos objectifs: nationalité suisse pour tout enfant né ici, droit à la citoyenneté après une durée déterminée de résidence. Mais aussi parce qu’elles sont polluées par la logique discriminatoire incarnée dans la nouvelle loi sur les étrangers (LEtr). En effet, on a introduit dans la loi fédérale un critère, absent jusqu’ici: le type de permis dont bénéficient les «immigré-e-s» de deuxième génération ou les parents de ceux de la troisième. On barre ainsi la route à de jeunes ressortissant-e-s de pays non membres de l’UE, dont l’accès aux permis «durables» relève de l’exception.

La loi genevoise actuelle dit que l’étranger «peut présenter une demande de naturalisation quel que soit le titre de séjour dont il bénéficie.» Sur le plan fédéral on prend le chemin inverse… En effet, la logique xénophobe s’alimente de la discrimination entre les détenteurs-trices d’un passeport étranger. D’un côté, il y aurait celles et ceux, dont on vante l’impeccable suissitude: «on les entend parfois crier ‘Hop Suisse!’ lorsqu’ils assistent à un match, ils font partie intégrante de notre société et ne se distinguent guère de leurs collègues suisses pas leurs pensées ou leurs actions», comme les présente le PDC sur son site web. De l’autre, les inassimilables… qui ne sont pas coulés dans le moule et qu’on pourrait «distinguer» en pensée, en parole ou en action.

Critique encore, on peut l’être par rapport à l’initiative «Poste pour tous», qui ne s’attaque pas au point central qu’est le rétablissement et la défense du monopole public du courrier et des paquets, dans le cadre d’un contrôle démocratique avec participation des salarié-e-s et des usagers-ères. Sans un tel verrou, le team néolibéral Leuenberger-Gygi continuera à débiter la poste en lambeaux. Prestations, emplois et conditions de travail se dégraderont encore et les multinationales continueront à se tailler des champs de profit juteux dans le secteur.

Mais ces critiques ne nous empêcheront pas de nous engager dans la campagne, au contraire! Pour contribuer à ce que ces OUI, contrant les positions réactionnaires de l’UDC, des néolibéraux et des adeptes les plus endurcis du patriarcat, servent de tremplin pour aller au-delà! A propos de l’assurance-maternité, le radical Triponez a dit: «c’est l’occasion d’en finir une fois pour toutes avec cette interminable discussion». C’est en effet le risque: après que se seront éteints les lampions d’une victoire probable, on aurait bien tort de se reposer sur des lauriers aussi poussifs.

Un succès le 26 septembre doit servir à tracer des perspectives au-delà du minimum acquis: à Genève, par exemple, il nous faudra défendre les avancées de l’assurance-maternité cantonale, que les bourgeois visent à liquider, alors que c’est l’occasion a contrario de les développer. Dans le domaine des assurances-sociales, plus généralement, il y a urgence à faire aboutir l’initiative fédérale pour une caisse-maladie unique et sociale… il faut aussi préparer la résistance au projet de 5ème révision de l’assurance invalidité qui pourrait dégrader la notion d’assurance par des réévaluations fréquentes des prestations octroyées augmentant ainsi l’incertitude économique des bénéficiaires. Contre le racisme d’Etat, une lutte acharnée contre la nouvelle loi sur les étrangers sera à l’ordre du jour… En matière de services publics, le refus de remettre sur le métier la libéralisation-privatisation électrique, battue en brèche avec la LME en 2002 doit monter en puissance. Tout ceci demande une mobilisation sociale et militante renforcée. solidaritéS sera au rendez-vous.

Pierre VANEK