Suggestions de lectures

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L’homme au bout du rouleau

Dans son avant dernier ouvrage, Perrault nous parlait d’Un garçon aux yeux gris, adapté à l’écran sous le titre Les égarés par André Téchiné. Une histoire bien plus complexe que le film qui s’en inspire. C’était dans une maison isolée qu’un gaçon aux yeux gris avait connu l’amour avec une fugitive, et retrouvé la haine dans les yeux de soldats français en déroute.

Nous retrouvons cette maison habitée par d’autres locataires insolites dans L’homme au bout du rouleau.

On y rencontre des personnages traînant derrière eux de longues ombres: Henri, au bout du rouleau, un rescapé de l’hôtel moscovite, Lux, dans le rôle du résistant communiste; Renée, une militante du parti communiste français aussi dure que naïve; Astrid, la femme à abattre; un curé mystérieux. Un récit où la grande histoire brasse des histoires personnelles… (dk)

Gilles Perrault, L’homme au bout du rouleau, Fayard, 2004.

Une lente impatience

«Nous avons écrit L’Anti-Oedipe à deux. Comme chacun de nous était plusieurs, ça faisait déjà beaucoup de monde», disaient Gilles Deleuze et Félix Guattari à propos d’un de leurs textes les plus retentissants. Daniel Bensaïd a écrit «Une lente impatience» seul. Rarement pourtant ouvrage aura à ce point donné le sentiment d’être une oeuvre collective. D’abord, par le portrait à la fois généreux et intransigeant d’une génération – la génération 68, la sienne – que dresse le philosophe et militant de la LCR.

Ensuite, en raison des principaux destinataires de ces mémoires – la génération Seattle – souvent réticents à interroger l’histoire des luttes sociales dont ils sont les dépositaires. La chronologie politique et personnelle qu’esquisse Bensaïd est ponctuée de chapitres plus théoriques, consacrés par exemple à la question de la violence révolutionnaire, au journalisme ou au problème de l’organisation.

L’engagement internationaliste de longue date de l’auteur lui permet de projeter un éclairage précieux sur des régions du monde (l’Amérique latine notamment) à ce jour encore au cœur des contradictions capitalistes et de leur contestation. (rk)

Daniel Bensaïd, Une lente impatience, Stock, 2004.

A quand l’Europe sociale?

Dans ce livre publié aux éditions Syllepse Georges Debunne fait part de son combat de syndicaliste pour une autre Europe. Ancien secrétaire de la Fédération générale du travail de Belgique (FGTB) et ancien président de la Confédération européenne des syndicats (CES) il s’interroge en particulier sur le rôle des syndicats au niveau européen. Pour lui, «la CES ne peut être la courroie de transmission des intérêts capitalistes» et il n’y aura pas d’Europe sociale si le monde syndical dans toute sa diversité ne reprend pas sa place pour défendre les intérêts du monde du travail. Il y a urgence : la remise en cause des droits sociaux dans tous les pays et l’absence de ceux-ci dans le projet de Traité constitutionnel, au moment même où l’Europe s’élargit, rendent plus nécessaire que jamais l’élaboration de revendications communes pour unifier les luttes au niveau européen. (Inprecor)

Georges Debunne, A quand l’Europe sociale?, Syllepse, 2004.