Licenciements à la clinique «La Métairie»

Licenciements à la clinique «La Métairie»

Pour des raisons économiques la clinique de La Métairie a licencié 26 collaborateurs-trices. Elle a fait 3 millions de bénéfice en 2003! Fin mai, 9 personnes on été licenciées d’un coup et un service de crise a été fermé. Le personnel se mobilise.

De février 2003 à juin 2004, plus de 26 personnes ont été licenciées à la clinique psychiatrique la Métairie et 25 personnes ont démissionné sur un effectif de plus de 120 employé-e-s, alors que depuis janvier 2004 d’autres soignant-e-s ont été engagés ainsi que des intérimaires qui viennent travailler chaque jour.

La Clinique La Métairie est une société anonyme de droit suisse à but lucratif. Elle est détenue par le groupe Capio (Suède) et appartient à la division Capio Santé (France + Suisse). Le groupe Capio est en bourse et il possède de nombreux établissements sanitaires en Suède, Danemark, Norvège, Finlande, Suisse, France et Angleterre. Le groupe semble mettre en place un programme de rentabilisation en vendant certains secteurs et en mettant l’accent sur des opérations chirurgicales brèves, sur les soins ambulatoires, sur la psychiatrie, etc. Le taux de rentabilité du groupe augmente. La comparaison entre l’ensemble de l’année 2003 et la période avril 2003-mars 2004 montre une croissance nette des revenus après impôts de 181 millions de couronnes suédoises (SEK) à 420 millions (100 couronnes équivalent à 17,16 francs suisses). Par ailleurs le groupe ne semble pas tenir à des infrastructures hospitalières de longs séjours où les gains sont les plus faibles.

L’activité de la Métairie concerne le traitement d’affections psychiatriques de gravité légère à moyenne (dépressions, troubles bi-polaires, dépendances, pathologie de l’alimentation,..).

Une capacité de 75 lits

Cet établissement connaît, comme beaucoup de cliniques privées en Suisse, des problèmes économiques du fait, entre autres causes, de la baisse des effectifs des patients. Les assurances ne couvrant plus suffisamment le coût du traitement. Il faut soit une assurance complémentaire soit des moyens financiers personnels importants pour accéder aux soins de la clinique. De nombreuses personnes abandonnent leur assurance complémentaire à cause de l’augmentation des cotisations de l’assurance de base.

Ainsi l’ensemble de ces faits et une volonté de rentabilisation à tout prix, ont conduit à une forte dégradation des conditions de travail du personnel, aux licenciements, à la création d’une mauvaise ambiance de travail, démotivation, stress (mobbing), manque de personnel ponctuel et permanent. Perte de savoir-faire professionnel lié à l’ancienneté des personnes (jusqu’à 20 ans). Réembauche à moindre coût et qualification, diminution de la qualité des prestations et de la sécurité des patients.

La direction médicale est soumise à l’administration financière. En détruisant la solidarité existante dans un groupe de soignants ont crée un climat de peur. Par ailleurs on externalise différents services (nettoyage en août 2003 et les cuisines en avril 2004) et les témoignages du personnel dénoncent le comportement inadmissible du Directeur Général et du Directeurs des Soins sous la forme de menaces, intimidations.

Une partie du personnel a décidé d’alerter les syndicats. L’Autre Syndicat et le Syndicat des services publics (SSP-Vaud) sont intervenus pour soutenir la lutte et les revendications du personnel en demandant le déplacement du Directeur Général et du Directeur des Soins sur un autre site de Capio, la réintégration du personnel qui le désire (licenciés ou départs «volontaires») et l’ouverture des comptes d’exploitation et bilans de La Métairie.

Cette situation est exemplaire de l’emprise toujours plus grande des rapports marchands dans le domaine de la santé. Nous connaissons déjà la formidable machine de production et de diffusion des médicaments par les entreprises multinationales qui accaparent l’ensemble du marché et imposent des prix prohibitifs, source d’augmentation des dépenses de santé et des hausse des primes maladies. Nous assistons aussi dans notre région à une forte remise en question du système de soins au travers de multiples restructurations, également dans le secteur public. Nous pensons que ces attaques font l’objet d’une politique d’affaiblissement des conditions cadres du système de santé, principalement par une diminution des recettes de l’Etat, orchestrée par la droite néo-libérale de ce pays. Les arguments pour le développement du secteur privé se trouvent alors renforcés. On constate que le secteur privé, dans sa grande majorité, n’a qu’une relative attention sur les besoins des patients et la qualité des soins, leur principal objectif restant le profit, aux bénéfices de ses actionnaires. Cette logique de marchandisation du secteur de la santé est inadmissible et nous devons la combattre fermement.

Collectif de soutien aux licencié-e-s de La Métairie