Pride 04: alerte rose sur la ville

Depuis sept ans, la Pride, lancée à Genève par l’équipe du squat gai «Chez Brigitte», n’a cessé de grandir et d’évoluer en sillonnant la Suisse romande. Cette année, à l’occasion de son retour en terres genevoises, elle prend une ampleur jusque là inégalée. Si la Pride 04 se déroulera officiellement du 5 au 11 juillet, de nombreux événements sont déjà au programme. En tout et pour tout, ce ne sont pas moins de 50 films, une quinzaine d’expositions et animations, une dizaine de débats et de rencontres ainsi qu’un grand nombre de pièces de théâtre, de contes et de concerts qui animeront la ville du bout du lac entre mi-juin et mi-juillet.

Les organisateurs de la Pride 04 nous avaient annoncé que le retour de la Pride à Genève pour sa septième édition serait bien plus qu’un défilé festif. Ariane Arlotti écrivait dans nos colonnes en mars dernier: «nous avons l’ambition de proposer à Genève une semaine culturelle, où expositions, théâtre, musique, performances, débats, films ouvriront le dialogue entre des communautés LGBTH, la population, les institutions locales, politiques, religieuses, éducatives». En jetant un œil au programme officiel, on ne peut qu’être impressionné par le nombres d’activités proposées pour permettre à chacune et à chacun, quelque soit ses orientations affectives, d’échanger, de débattre et de réfléchir. Sur l’homosexualité bien sûr, mais surtout sur notre société en proie à des crispations, des sentiments de peur et des réflexes «moraux» amenant encore trop souvent à des attitudes explicites ou implicites de rejet de l’autre et de sa «différence».

Mise en bouche

Dès le 15 juin, partout dans la ville, des expositions, des performances et des débats lanceront les festivités. Les bibliothèques universitaires des facultés SES et FPSE exposeront, jusqu’au 12 juillet, des ouvrages ayant trait à l’homosexualité. Parmi les nombreuses expositions de photos, on notera celle de Steeve Iunker qui, deux années durant, a rencontré chaque jeudi Xavier, atteint du sida, pour se photographier mutuellement, jusqu’à son décès. Les photos prises sont toutes agrémentées d’un commentaire de Xavier. A ne pas manquer non plus l’exposition «Transgenre» de Judith Schoenenberger qui, par ses portraits photographiques, interroge les préjugés socialement construits dès l’enfance sur l’identité de genre. Une belle façon de briser des clichés par l’image. Enfin, l’expo «Hétéropride 2050» du collectif AAH retrace la performance amusante, mise sur pied durant la Pride 03 à Delémont, durant laquelle toutes les questions habituellement posées aux homosexuels ont été retournées aux hétérosexuels.

Durant cette période de pré-Pride, les amateurs du septième art seront comblés. Un festival de film sera en effet organisé du 28 juin au 9 juillet aux cinémas Les Scala et Fonction:Cinéma. Pas moins de vingt longs et courts métrages seront présentés, proposant des regards croisés sur notre société et sur les expériences des personnes homosexuelles, bisexuelles ou transgenres.

Journées thématiques

Le lancement officiel de la Pride 04 se fera le lundi 5 juin. Sous le titre «les couleurs de l’arc-en-ciel» la thématique qui sera abordée ce jour-là, notamment par un débat à la Maison des Associations, sera «Transgenre et communautarisme». Le lendemain sera l’occasion de discuter de la violence et de la discrimination. Le mercredi, sous la bannière «Vers une planète rose» les regards se porteront sur la situation des personnes homosexuelles, bisexuelles et transgenres dans le monde, dans une perspective internationaliste. Le jeudi 8 juillet, jour d’ouverture du village de la Pride au parc des Bastions, sera axé sur la santé et le bien-être. Finalement, le vendredi, à la veille de la parade, c’est la thématique du partenariat et des parentalités qui sera discutée. Tout au long de cette semaine, de multiples films, pièces de théâtres, expos, conférences et débats, permettront d’aborder les thèmes sous différents angles.

Un village rose aux Bastions

Dès 17h, le jeudi 8 juillet, le Village de la Pride ouvrira ses portes au parc des Bastions. Une cinquantaine de stands associatifs, une mini-fête foraine, des restaurants, des buvettes et 15 concerts assureront, trois jours durant, une ambiance festive assurée entre Jazz, musique tzigane, flamenco, chanson française, rock énergique ou encore musique cubaine.

La parade de la Pride débutera par une partie officielle le samedi 10 juillet à 14h à l’Avenue de France. Des personnalités politiques locales, nationales et internationales s’exprimeront avant que le défilé n’entame l’alerte rose sur la ville. Dès 14h30, une vingtaine de chars, emmenés par celui officiel de la Pride 04, se mettront en mouvement pour apporter humour et extravagance dans les rues de Genève, en passant notamment par le pont du Mont-Blanc et la Vieille Ville, pour rejoindre le Village des Bastions.

Samedi soir, les oiseaux de nuit auront le choix entre deux soirées. A la salle Pitoëff, c’est l’association 360° qui, dès 22h30, organisera, dans un décor réalisé par Exa Concept, une de ses fameuses soirées avec la participation de LuLúxpo (Love is Power), Nicodisco & Madame (la Parf’ – disco pop) et Weylspinor (down tempo expérimental). L’autre soirée sera organisée par la discothèque «gay & friendly» de Genève, le Prétexte qui, pour l’occasion, s’installera au Palladium. Des invités prestigieux seront de la partie: Mademoiselle Lucy, DJ renommée depuis 13 ans et qui mixe notamment depuis plusieurs années au «QUEEN» à Paris. Les DJ habituels du Prétexte seront également accompagnés par Tara La Trash, du «Labor Bar» à Zurich. Les billets pour ces soirées seront en ventes à l’entrée ou au village des Bastions le samedi.

Finalement, le site www.pride04.ch, sur lequel on trouve l’ensemble du programme de la Pride, donnera aussi quelques suggestions de bars de la ville où des afters seront organisées, pour celles et ceux qui n’ont pas pour habitude de se coucher avant le lever du soleil un samedi soir…

Erik GROBET