Théodore Monod, un citoyen planétaire
THÉODORE MONOD
Un citoyen planétaire
Par les temps qui courent: guerres, disparition de nos repères dantan, ravages écologiques et économiques, il y a encore des hommes que lon peut tenir pour des consciences de notre époque. Théodore Monod était de ceux-là. Il vient de mourir à lâge de 98 ans.
Son fils Ambroise, dit de lui: «mon père nétait pas un génie, cétait une exception». En effet, rares sont les hommes dont la carrière a été aussi singulière. Sil a écrit de très nombreux ouvrages, une quantité dautres lui ont été consacrés. On peut le vérifier chez nimporte quel libraire. On ne saurait trop inciter les «politiques» à lire son dernier ouvrage: «Et si laventure humaine devait échouer»(1). Pourquoi? Parce que les militants, souvent stressés, ne sauraient se passer de reprendre de la hauteur. A lopposé de la «langue de bois», son discours ne peut que renforcer nos analyses, leur donner plus de corps. Pour le réalisme, Monod était un maître.
Cet inlassable combattant patronnait ou soutenait dinnombrables associations humanitaires, par exemple: Amnesty International, ATD Quart Monde, La Cimade, Cur de Femmes, Collectif contre lEnfouissement des Déchets Radio Actifs, Réseau Sortir du nucléaire, Greenpeace, ATD Quart Monde, Droit au Logement (DAL), France Terre dAsile, Mouvement contre le Racisme et pour lAmitié entre les Peuples, Mouvement International de la Réconciliation, etc.
Monod: un savant pluridisciplinaire?
Oui, certes. Ce vénérable vieillard a traversé le siècle comme biologiste, géologue, botaniste, zoologue, anthropologue, sociologue et enfin comme un sage parmi tous les sages et philosophes. Cétait aussi un végétarien convaincu. Il fût lun des derniers savants «à lancienne», cest-à-dire à la manière de Jean Rostand, de Theilhard de Chardin, et de Louis Massignon, ses amis de toujours. Voyageur infatigable, dabord sous la mer avec Auguste Piccard, mais surtout dans le désert du Sahara, il témoignait dune qualité de vie propre à nous couper le souffle.
Parcours sans faute
Les écologistes retiendront sa vénération de la nature, sa défense acharnée de la faune et de la flore. Les politiques retiendront ses engagements en faveur des exclus et de la paix et surtout contre la course aux armements et aux super armements. Les agnostiques souligneront son respect de la liberté de conscience, les croyants seront étonnés par sa profonde cohérence de vie avec le noyau dur des évangiles: «Le Sermon sur la montagne». Cette dernière référence est à lorigine de tous ses combats et explique quil na jamais rien concédé aux puissants de ce monde. Un Chrétien? sans doute, mais pas comme les autres, un libéral(2) opposé à tous les dogmatismes, comme à tout ce qui opprime.
Théodore Monod était-il un saint ? un homme culte ? Non ! plus simplement un homme au parcours «sans faute».
- Théodore Monod «Et si laventure humaine devait échouer». Editions Grasset. Novembre 2000.
- Jai employé ici le mot «libéral» dans son sens le plus noble, contraire au «libéralisme économique» qui est une horreur.