Poste de Montbrillant bloquée par des usagers

Poste de Montbrillant bloquée par des usagers

Depuis plus de deux ans, La Poste a entrepris de restructurer son réseau pour répondre aux exigences de la libéralisation du trafic postal adopté par les Chambres fédérales. Sept cent offices postaux ont ainsi été fermés en Suisse, dont dix dans le canton de Genève. Le service public passe au second plan face aux exigences de rentabilité économique. Après avoir fermé la poste du Grand-Pré fin février, les prochains offices visés sont ceux de la Cluse et des Acacias dont la fermeture est programmée pour l’automne.

Face à cette situation, des comités de défense des bureaux de poste, qui n’ont obtenu aucune concession de la direction de la Poste, ont décidé de mener une nouvelle action le 19 mai dernier. A 4h du matin, une cinquantaine de personnes ont bloqué la porte de sortie des camions qui distribuent le courrier et les colis sur l’ensemble du canton. Les manifestant-e-s ont exigé de rencontrer un responsable du réseau qui a fini par se déplacer depuis Lausanne, condition posée pour la levée du blocus. A 7h le barrage a été levé et les camions ont commencé leur sortie sous les applaudissements des manifestant-e-s et les klaxons des chauffeurs. Une séance de négociation s’est immédiatement engagée en présence de représentants de la presse.

Il faut relever le très bon accueil réservé par les employé-e-s de La Poste, auquel un tract d’explication était distribué. De plus, le syndicat de la communication a adressé un message de félicitations aux usagers-ères dont la teneur était la suivante: «Nous pourrions dire… ils ont osé! C’est un signe de mécontentement de la population! Le vote du 26 septembre 2004 sur l’initiative «Une Poste pour tous» réglera certainement ce genre de problèmes. Félicitations pour votre action, en espérant que nous pourrons coopérer plus étroitement à l’avenir.»

Dans la rencontre qui a suivi, le responsable a rappelé la nécessité selon lui de restructurer le réseau pour mieux répondre aux attentes de la clientèle! Les représentants des manifestants ont, de leur côté, réaffirmé leur attachement au service public et à des services de proximité. Ils ont promis, si des négociations sérieuses de s’engageaient pas, de poursuivre des actions de blocage. Une nouvelle rencontre aura lieu en juin. Il semble que la Poste revienne quelque peu sur son intransigeance. Mais rien n’est encore acquis. Les usagères et usagers des offices concernés doivent maintenir la pression.

Cette action permet de revenir sur les fondements qui conduisent aujourd’hui à la mise en cause des prestations de service public de La Poste. Il faut rappeler que la loi sur la libéralisation du service postal a été adoptée avec l’appui de la quasi-totalité des parlementaires socialistes et verts aux Chambres fédérales, dans la droite ligne des directives européennes en la matière. Aujourd’hui, certains d’entre eux déclarent n’avoir pas prévu une telle remise en cause du service public alors qu’elle était prévisible, puisque les prestations les plus rentables du service postal allaient passer aux mains des multinationales du type DHL. Le soutien à l’initiative «Une poste pour tous» est certes un moindre mal par rapport à la situation actuelle. Cependant elle ne remet pas en cause la libéralisation opérée en 1997. Or nous sommes persuadés qu’il ne peut y avoir de véritable service public dans ce domaine sans un retour au monopole public sous contrôle démocratique, qui est le seul à pouvoir assurer, comme il l’a fait dans le passé, un service de proximité ouvert à toutes et à tous et assurant des conditions de travail correctes à ses employés.

Bernard CLERC