Assurance maternité: les femmes otages de la politique politicienne

Assurance maternité: les femmes otages de la politique politicienne

Le PSN l’avait dit et répété: si la droite renonçait à son idée de baisser les impôts des riches, il pouvait, lui, retirer ses initiatives en faveur des femmes et des familles… tout un programme! Comme attendu, la droite n’a pas reculé, et le vote populaire a donc eu lieu le 28 mars sur les initiatives fiscales et sur deux initiatives du PS censées faire «contre-feu»: une assurance maternité cantonale et une proposition améliorant le système des allocations familiales sous la forme de contributions éducatives. La droite a été battue (voir article ci-contre). Tant mieux, il le fallait. Mais les propositions du PS ont aussi été refusées, et ce sont les femmes (et les familles) qui font les frais de cet échec.

On aurait pu s’attendre à un commentaire du PSN exprimant tout au moins un regret. Mais dimanche soir le satisfecit paraissait général dans les rangs du PSN: Ils (les hommes du PS) commentaient sereinement leurs résultats: «l’essentiel est sauvé (la fiscalité n’est pas affaiblie), pour l’assurance maternité, pas de problème, on rattrapera ça cet automne, de toutes façons, une assurance pour toutes les femmes on n’y a jamais cru (!), on a seulement voulu mettre la droite sous pression, et ça a marché». Affreux raisonnement, plusieurs fois entendu ces jours, dans la bouche des porte-paroles du PSN.

Le 8 mars, les femmes en colère avaient défilé dans les rues de Neuchâtel en chantant haut et fort «L’assurance maternité, nous la voulons, nous l’aurons». L’initiative cantonale du PSN prévoyait une prestation pour toutes les mères (qu’elles soient ou non occupées sur le marché de l’emploi), reprenant en termes généraux la proposition refusée sur le plan fédéral en juin 1999, mais que les Neuchâtelois-es avaient clairement alors acceptée (par 62% de oui contre 37% de Non).

Comme l’annonçait (!) un sondage publié début mars dans la presse locale, les Neuchâteloises pouvaient donc réalistement espérer gagner ce droit à une assurance sur le plan cantonal. Si le PSN et la gauche solidaire avaient joué le jeu et avaient voté comme en 1999, cette proposition aurait passé haut la main… mais douche froide: c’est à une forte majorité (59,8% de NON contre 40,2% de OUI) que les Neuchâtelois ont refusé l’assurance maternité, et aucune commune n’a contredit ce résultat lamentable!

Pas besoin d’être docteur ès statistiques pour voir que le PSN, à commencer peut-être par ses militants, n’a pas soutenu massivement ses propres initiatives! La peur de la droite a prévalu, et tant pis si une fois de plus les femmes voient leur droit à une assurance maternité bafoué. Triste façon d’interpréter les besoins des femmes et des familles, triste manière de «faire de la politique».

Le 8 mars les femmes ont passé du fuchsia au rouge, mais pour faire comprendre aux stratèges de la gauche molle que les femmes ne sont pas juste bonnes à servir de contre-feu à la stratégie de la droite sans scrupule, notre colère devra trouver une expression plus radicale.

(me)