20 mars 2004, NON à la guerre et aux occupations

20 mars 2004, NON à la guerre et aux occupations

Le 20 mars, dans le monde entier, les citoyen-ne-s commémoraient le premier anniversaire des bombardements en Irak. Le rendez-vous a été fixé suite aux forums sociaux de St-Denis et de Mumbai. Un succès, puisque deux millions de personnes ont défilé dans plus de 700 villes et 60 pays contre les guerres et les occupations.

Certes, le mouvement est plus modeste que celui du 15 février ou encore du 22 mars 2003, après les premières frappes. La guerre a eu lieu malgré une mobilisation citoyenne sans précédent. Cependant, loin de baisser les bras, les divers mouvements antiguerres ont entrepris de dénoncer toutes les guerres et les occupations, en Irak, mais aussi en Tchétchénie, en Afghanistan et bien entendu en Palestine. Une nouvelle lutte qui a une forte connotation anti-impérialiste. Un travail de fond et de longue haleine doit être entrepris contre le nouvel ordre qui s’installe sous le couvert de la lutte anti-terroriste, pour conscientiser les citoyen-ne-s. Il est également probable que de nouvelles cibles soient désignées, nécessitant d’autres ripostes.

L’occupation en Irak suscite de nombreuses actions de protestation et de résistance sur le terrain. Un appui est nécessaire aux forces qui oeuvrent à la reconstruction de la société irakienne et de son autonomie, comme les mouvements des chômeurs et pour les droits de la femme. Dans d’autres pays, la société civile a également besoin de soutien. Les occupations militaires ne font qu’aggraver les problèmes, comme nous l’a cruellement rappelé l’embrasement du Kosovo au début du mois.

En Suisse

Les coalitions contre les guerres et les occupations on réuni environ 4000 personnes dans la rue, en bonne partie romandes, ainsi qu’une large participation de l’immigration kurde et des Irakiens de Suisse. Deux cars sont partis de Genève, un de Lausanne, ainsi que de différentes villes. Les collectifs romands ont pu se maintenir et poursuivre leurs activités, d’où une présence significative des francophones, ce qui est moins le cas en Suisse alémanique. SolidaritéS a constitué un tronçon d’une centaine de personnes de Bâle, Lausanne, Neuchâtel et Genève.

La gauche traditionnelle était particulièrement absente. Le Parti socialiste et la Jeunesse socialiste ont boycotté la manifestation sous prétexte de l’absence de condamnation du terrorisme dans la plate-forme. Les VertEs manquaient également à l’appel, à part de quelques individus.

Plus préoccupante, la relative absence des jeunes, malgré la coïncidence avec la traditionnelle promenade antifasciste. L’an passé, on se souvient de la manifestation de 4000 collégien-ne-s à Genève en janvier, des manifestations Books not bombs le 5 mars et bien entendu des dizaines de milliers de jeunes dans les rues le 20 mars. Peut-être, des manifestations décentralisées dans plusieurs villes auraient permis de mobiliser plus largement la jeunesse?

(slh)

Bonnes mobilisations

Les terribles et odieux attentats de Madrid du 11 mars ont bien entendu fortement marqué la journée. La population d’un des plus fidèles alliés de Bush a hélas payé le prix fort pour la politique de son gouvernement. Dans l’Etat espagnol, un demi-million de personnes ont défilé, dont 200000 à Barcelone. Le nouveau gouvernement social-démocrate devra tenir sa promesse de retirer ses troupes de l’Irak.

Aux USA, le mouvement a réussi sa mobilisation, avec 50000 personnes à San-Francisco et 100000 à New-York, ainsi qu’une forte présence dans de nombreuses autres villes du pays. Les familles de militaires et les vétérans ont été particulièrement actifs et virulents.

A Londres, 100000 personnes ont défilé pour dénoncer Tony «Bliar» (jeu de mot sur liar, menteur). La libération de cinq musulmans britanniques détenus sans preuve à Guantanamo a marqué les esprits. La communauté musulmane était d’ailleurs fortement mobilisée. Deux alpinistes ont réussi à grimper sur la célèbre horloge Big Ben pour y déployer une banderolle.

La mobilisation la plus significative a eu lieu en Italie, avec environ un million de personnes dans les rues de Rome. Berlusconi a envoyé 2600 militaires en Irak. Par contre, la mobilisation française n’a atteint que 10000 personnes à Paris. En Allemagne, quelques dizaines de milliers dans 70 villes.

A l’évidence, le mouvement antiguerre a pu survivre au déclenchement de la guerre. Il est nécessaire de poursuivre les mobilisations en continuant à informer les populations sur la situation et sur les initiatives des sociétés civiles pour une réelle reconstruction.

Sébastien L’HAIRE