Le choc des barbaries

Le choc des barbaries

La réédition, dans la collection 10/18, de l’ouvrage de Gilbert Achcar est la bienvenue en ce temps de relance de la mobilisation antiguerre. Il fallait sans aucun doute l’expérience directe et militante accumulée par Gilbert Achcar durant la sanglante guerre civile libanaise – «dans l’œil du seul cyclone politico-militaire qui n’ait pas cessé de tourbillonner depuis un demi-siècle» – pour, sans céder au cirque médiatique et aux polémiques creuses, aller à l’essentiel. G. Achcar fournit ainsi, dans ce bref ouvrage, une grille d’interprétation rigoureuse des tendances de fond qui ont mené à la deuxième intervention américaine en Irak. On lira en particulier l’un des chapitres centraux de l’ouvrage, intitulé «Pétrole, religion, fanatisme et apprentis sorciers» pour se rappeler l’écrasante responsabilité des Etats-Unis et de leur allié saoudien dans la montée de l’intégrisme religieux musulman. «Les Etats-Unis en sont même doublement responsables, parce que tout en contribuant eux-mêmes, directement, à la propagation de l’intégrisme islamique, ils ont aussi contribué à la défaite et à l’écrasement de la gauche et du nationalisme progressiste dans l’ensemble du monde musulman, laissant ainsi le champ libre à l’islam politique comme unique vecteur idéologique et organisationnel du ressentiment populaire.» (p. 59). Un rappel utilement complété par l’ouvrage de l’écrivain et essayiste d’origine pakistanaise, Tariq Ali, Le choc des intégrismes, paru en 2002 aux éditions Textuel.

(ds)