La mondialisation armée
La mondialisation armée
Les Etats-Unis disposent de 725 installations militaires à létranger. Leur budget de la défense 2003 atteint 396 milliards de dollars, sans compter les 40 milliards du Département de la Sécurité Intérieure, et les 200 milliards déjà dépensés pour les guerres en Afghanistan et en Irak (loccupation de lIrak coûte 3,9 milliards de dollars par mois). En 2003, les trois premiers groupes de larmement Lockheed Martin, Boeing et Northrop Grumman ont reçu pour 50 milliards de dollars du Pentagone, alimentant de nombreuses affaires de corruption. Le salaire de Vance Coffman, PDG de Lockheed Martin, premier contracteur du Pentagone, se monte à 4,1 millions de dollars, à quoi il faut ajouter 20 millions de dollars en stock options. Cette même année, le Congrès à levé linterdiction concernant la recherche pour les bombes atomiques de moins de 5 kilotonnes (1/3 de celle dHiroshima). (Charlie Cray, Global Beat Syndicate, 25 novembre 2003; W. D. Hartung, The Nation, 23 février 2004 et World Policy Institute Special Report, 24 février 2004).
Les «néocons» redécouvrent J. F. Kennedy
Dans le cadre de la nouvelle stratégie dintervention systématisée par G. W. Bush, la «force écrasante» de Colin Powell ne suffit pas. Si elle permet dexercer des pressions décisives de lextérieur («offshore balancing»), elle est incapable de forcer la collaboration durable dun nouveau pouvoir sur le terrain. Doù une série douvrages et darticles promus par les milieux néo-conservateurs, qui revalorisent le travail des Forces Spéciales, notamment des Marines (par ex., Max Boot, The Savage Wars of Peace, New York, 2002).
En passant, les néo-conservateurs daujourdhui saluent la perspicacité de J. F. Kennedy dans son approche de la guerre subversive: «Cest un autre type de guerre, nouvelle par son intensité, ancienne par ses origines guerre menée par des guérillas, des insurgés subversif, des assassins; guerre dembuscade plus que de combat; dinfiltration, plutôt que dagression, cherchant la victoire en usant et en épuisant lennemi plutôt quen sy confrontant ( ) Elle requiert [de notre part] un type de stratégie complètement nouveau, un type de force totalement différent, et par-là un type dentraînement militaire tout à fait nouveau et différent» (Discours devant lAcadémie Militaire US, 6 juin 1962). Ce nest pas pour rien que le centre dentraînement des Forces Spéciales à Fort Bragg porte son nom!
Larmée impériale
La mentalité dune armée impériale est, par nécessité, profondément différente de celle dune armée de masse La première accepte des objectifs ambigüs, des engagements interminables et des confrontations chroniques comme un fait incontournable; la seconde veut une mission définie, un plan pour la victoire et des batailles décisives. Dans larmée impériale, le membre de la troupe se réalise dans la vie de soldat; dans larmée de masse, il se réalise dans la croyance quil est là pour se battre et gagner la guerre des Etats-Unis» (Eliot Cohen, «Why the Gap Matters», The National Interest, automne 2000).
(jb)