La mondialisation capitaliste perd un promoteur acharné
La mondialisation capitaliste perd un promoteur acharné
David de Pury est mort et on a assisté à une débauche de louanges incongrues, allant jusquà évoquer la «fibre sociale» de ce promoteur de la lutte des classes au nom du capitalisme le plus agressif et antisocial. Quant à nous, nous continuerons à combattre le projet politique de De Pury et de ses semblables qui lui survit bien sûr. Nous pensons en effet que pour que lhumanité ait un avenir cest ce projet quil faut enterrer pour le remplacer par un socialisme renouvelé. Ci-dessous quelques extraits dun commentaire de De Pury: un appel éloquent à la mobilisation et à lengagement politique direct …des leaders des multinationales du monde entier.
[…] La politique économique internationale na jamais connu un tel degré dunité et de promesses pour lavenir. De plus, dénormes développements dans les technologies de linformation et de la communication ont intensifié lintégration mondiale et conduit à un accroissement exponentiel de nouvelles opportunités daffaires. Cette ère extraordinaire a vu la création de richesses considérables à léchelle globale et lémergence de nombreuses nouvelles corporations multinationales dont le moteur a été linnovation technologique et le flair entrepreneurial.
Bien sûr, ce nest pas lUtopie. De la richesse a été crée, mais de manière inégale, le rythme des changements technologiques ayant conduit à une accentuation des écarts de revenu, tant entre les pays quà lintérieur de ceux-ci. La pauvreté, les maladies et lignorance subsistent à grande échelle. Il faut sattaquer vigoureusement et en continu à ces problèmes.
Néanmoins, il est plus important encore que léconomie mondiale ne soit pas autorisée à dévier de la direction quelle a prise après leffondrement du communisme. La victoire du libéralisme ne doit pas être mise en péril, et encore moins renversée. Mais il y a lieu de sinquiéter. Les manifestations à Seattle lan dernier et à Washington en avril, ainsi que la prolifération et la virulence des groupes qui sopposent à une économie globale ouverte et libéralisée sont plus le symbole que la substance des périls auquel le monde est confronté. Ce qui doit réellement nous préoccuper cest labsence de leadership politique, y compris labsence manifeste dune promotion enthousiaste des vertus de léconomie ouverte libéralisée et de la nécessité de continuer à la rendre plus ouverte et plus libérale encore. […]
Alors que les premières puissances économiques du monde ont fait preuve dabsence de leadership et dorientation claire, lOMC, créée en 1995 pour apporter cohérence et conviction au système économique global, na pas réussi à créer une réelle dynamique et à gagner une quelconque crédibilité, pour emporter des soutiens et pour générer même lombre dune inspiration ou dun input intellectuel. A Genève on en est à un point mort nombriliste.
[…] Ainsi, en contraste avec les opportunités extraordinaire de ce nouvel âge économique global, il a été bien plus frappant ces derniers temps de constater le sentiment de dérive, de paralysie politique, dincohérence intellectuelle. Lunité de la politique économique internationale, plutôt que de se voir renforcée par des forces centripètes, voit croître les forces centrifuges.
Quoique les historiens du futur sémerveilleront de ce moment dans léconomie mondiale, nous ne savons pas encore sils auront à déplorer la suite des événements, le fait que le système économique global aura été démantelé, que la globalisation aura été suivie dune déglobalisation, que les forces centrifuges auront causé des tensions et des divisions culminant dans un échec quant à la création de cette grande richesse mondiale qui était apparue si prometteuse. […]
Bien que la désagrégation du système économique international libéral nait pas encore eu lieu, lheure nest ni à lautosatisfaction, ni à la passivité. Il ny a pas lieu non plus dattendre soit que les forces politiques nationales existantes, soit que lOMC, se portent en avant et fournissent le leadership et la motivation nécessaires. Les partisans dune politique économique internationale libérale doivent aujourdhui relever la tête et safficher publiquement en défendant la cause de manière convaincante.
Les dirigeants des corporations multinationales en particulier doivent en faire plus. Beaucoup de ces corporations ont démontré leur capacité dinnovation, leur dynamisme et leur vision stratégique, en agissant comme agents de changements en profondeur, contribuant à accentuer et à accélérer le processus de globalisation. Cependant, à quelques exceptions près, ils ont fait preuve de réticences embarrassantes et ont été peu expressifs et peu convaincants, en ce qui concerne laffirmation de leurs convictions ainsi que lexplication de leur action et des bénéfices qui peuvent en résulter.
Un temps est venu où il est urgent que les dirigeants des corporations multinationales endossent le rôle dhommes dEtat à léchelle globale.