George W. Bush part en croisade contre lesbiennes et gays

George W. Bush part en croisade contre lesbiennes et gays

Le gang Bush part en guerre sainte pour interdire constitutionnellement les mariages homosexuels pratiqués à San Francisco et ailleurs. Au-delà d’une manifestation d’homophobie viscérale, il entend faire reculer les droits sociaux de toutes et de tous, courtiser l’extrême droite, détourner l’attention du bourbier irakien, de la pauvreté et du chômage croissants. Mais la résistance s’organise. Le 14 février, à Seattle, s’est tenue une manif unitaire en soutien aux mariages homosexuels. Nous avons traduit et publions le discours d’une militante du groupe féministe Radical Women (proche du Freedom Socialist Party) dont le manifeste affirme notamment que «La libération des femmes est indissolublement liée à la bataille contre toutes les injustices criantes qui définissent le capitalisme». Au nom de Radical Women, Su Docekal, co-fondatrice du Stonewall Committee for Gay Rights, a prononcé un discours vibrant qui mérite d’être entendu au-delà de l’Atlantique. (réd)

Je pensais que les poules auraient des dents, le jour où Radical Women s’exprimerait à une manif en faveur du mariage. En effet, c’est seulement ces derniers 75 ans que les femmes mariées aux USA ont conquis des droits que leurs maris ou l’Etat sont tenus de respecter. Pourtant Radical Women est ici, avec d’autres organisations aux perspectives politiques diverses, pour défendre les droits égaux des lesbiennes, gays, bisexuels et transsexuels, à la protection légale du mariage. Il est piquant de voir le mariage – pilier de la société bourgeoise traditionnelle – transformé en son contraire, une forme de désobéissance civile. Nous applaudissons le maire et les juges de San Francisco, ainsi que les employé-e-s municipaux, pour qui «séparés mais égaux» ce n’est l’égalité ni pour les Afro-américains, ni pour la communauté homosexuelle.

Aujourd’hui, la Saint-Valentin, est un bon jour pour affirmer notre droit à l’amour. Mais demain est aussi un jour à se rappeler, il y aura un an demain que 75000 habitant-e-s de Seattle ont manifesté dans ces rues pour protester contre l’intention de Bush de lancer sa croisade contre l’Irak. Un an après, des milliers d’Irakien-ne-s sont morts et plus de 500 soldats US en Irak ont été tués au combat ou d’accidents «de travail». Un an après, des millions d’emplois ont été perdus et plus de 20% des habitant-e-s de l’Etat de Washington sont sans couverture en cas de maladie. Il n’est donc pas surprenant que l’administration Bush veuille détourner l’attention publique du désastreux bourbier irakien et de la «relance» économique sans nouveaux emplois, en lançant une deuxième guerre sainte, cette fois-ci à domicile, contre les homos. Bush a inventé là un moyen de remplir les caisses de campagne de fonds venant de l’extrême droite. Son attaque cynique contre les droits des gays vise aussi à nous faire reculer sur un front plus large. On l’utilise pour revenir en arrière concernant les droits de couples non mariés. En Ohio, les législateurs ont déjà voté une loi contre les mariages de partenaires de même sexe et contre les droits et allocations des couples non mariés et la tendance s’amplifie.

Chacun-e ici a sa perception du mariage, et je n’entrerai pas dans son histoire (qui a passé par l’asservissement des femmes), je vous encourage à ce sujet à lire The Radical Women Manifesto (www.radicalwomen.org). Mais rappelons-le, historiquement, le mariage n’est pas une des institutions humaines les plus progressistes. C’est pourquoi les femmes radicales ont dépensé beaucoup d’énergie dans les années 60 et 70 pour changer les lois de l’Etat de Washington pour obtenir les droits égaux des femmes dans le mariage et un droit au divorce sans «faute» d’une des parties, ce qui va peut être nous être utile à nous autres homos, sous peu.

Mais quand on parle mariage, soyons réalistes. Pourquoi les hétéros se marient-ils? Je peux trouver réponse dans ma famille. Mon frère et ma belle-sœur ont vécu ensemble des années heureux sans être mariés ou s’en soucier. Puis, ils ont acheté une maison et ont eu un enfant. Ils ont décidé qu’ils avaient besoin de la protection légale du mariage. Je connais un autre couple qui a vécu ensemble sept ou huit ans sans intention de se marier. Mais l’homme est immigré. Après des années de harassement bureaucratique, ils se sont dits: OK on se marie. Maintenant, il a la nationalité US et elle bénéficie de sa couverture médicale complète. Voilà des raisons concrètes pour lesquelles tant d’entre-nous s’unissent pour lutter en faveur du droit au mariage des lesbiennes et homosexuels.

Nous avons besoin de droits de garde de nos enfants! De couverture maladie et de pouvoir aller chez le dentiste! En vérité, personne ne devrait avoir à se marier – ou même avoir un partenaire – pour avoir droit aux soins médicaux ou dentaires, mais c’est ici un cas où «tous les moyens» sont bons. A San Francisco, en ce moment même, les mariages homos sont la forme la plus récente de désobéissance civile, contre un système injuste, sexiste et mu par le profit.

Comment gagner cette bataille? En descendant dans la rue, en nous organisant! Les principaux candidats démocrates ont annoncé leur opposition au mariage de même sexe. Les Démocrates nous ont aussi vendus concernant l’Irak, s’alignant sur Bush en soutien à la guerre. Mais quand des millions d’entre nous, dans le monde entier, sommes descendus dans la rue contre la guerre, ils ont changé leur discours. C’est la même chose avec les mariages homosexuels. En dernière instance, il est indifférent de savoir qui occupe la Maison Blanche: la seule manière de gagner nos droits c’est de nous organiser, de protester et de créer ensemble un mouvement militant, venu d’en bas, si puissant qu’ils ne pourront pas ne pas en tenir compte.

Enfin, il est important de le dire: nous ne pouvons pas gagner seul-e-s. Mais, si nous unissons notre combat avec les syndicalistes qui luttent pour leurs emplois, avec les femmes qui défendent le droit à l’avortement, avec les gens de couleur qui se battent contre la discrimination raciale, nous pouvons gagner! Ma partenaire n’est pas ici, parce qu’elle est partie ce matin soutenir les travailleur-euses de Darigold, victimes d’un lock-out. Les travailleurs-euses se battent aujourd’hui sur tant de fronts. Nous devons nous unir dans un front commun massif, pour les droits humains, les droits démocratiques et les droits des travailleurs-euses, à l’échelle internationale. Les problèmes du monde ne connaissent pas de frontières et nous ne devons pas en reconnaître non plus.

Travailleurs-euses, femmes, gens de couleur, immigrant-e-s, gays, lesbiennes, transsexuel-le-s, ensemble nous ne sommes pas une minorité, un «groupe d’intérêt» particulier! Nous sommes une puissante et massive majorité!

Su DOCEKAL