8 mars en rouge, toutes!

8 mars en rouge, toutes!

L’année 2003 aura été une année noire pour les femmes. 2004 sera rouge! La promesse que se sont faite le 13 décembre, les 15000 femmes réunies sur le Waisenhausplatz à Berne doit être tenue: lundi 8 mars, toutes les femmes en colère s’habilleront en rouge et se rendront visibles partout pour dire «non à la 11ème révision de l’AVS», «oui à une assurance maternité» et «halte aux discriminations ici et ailleurs»

Ces trois thèmes ont été retenus par la coordination nationale du 31 janvier 2004, formée de plus de 60 déléguées venues de toutes les régions de Suisse; c’est une plateforme commune non seulement pour fêter la journée internationale des femmes, mais pour mener ensemble une campagne qui continuera durant toute l’année – du 8 mars au 10 décembre 2004 – et qui sera ponctuée par des moments forts dans le but de dire «stop, ça suffit, nous les femmes nous sommes là et nous refusons que nos droits soient systématiquement bafoués; nous ne nous reconnaissons pas dans des parlements et des gouvernements formés de politiciens de droite qui défendent les privillèges des riches».

Voilà bientôt un siècle que les femmes font du 8 mars une journée internationale de solidarité et d’affirmation de leurs revendications. Cette année en Suisse, les réveils sonneront dans de nombreuses gares dès 7 heures le matin: «Femmes, réveillez-vous!», «Frauen wacht auf!», «Donne, svegliatevi!». A l’appel des coordinations locales du 8 mars et des syndicats, des pauses de la colère seront organisées dans la matinée sur de nombreux lieux de travail (hôpitaux, écoles, magasins,…). Pour se rendre bien visibles, les femmes sont invitées par les coordinations locales, regroupant de nombreuses associations féministes et féminines, à décorer en rouge leur place de travail, leurs fenêtres, leur quartier et leurs moyens de transport. Des manifestations se préparent partout, sous toutes sortes de formes – soupe à la grimace, pique-nique et apéro de la colère, blocage de la circulation, occupation de la rue par des «chaises et chaises-longues: «Frauen nehmt Platz!», parlement féministe, meetings et prises de parole, caravanes de femmes sillonnant à travers la campagne, dans plusieurs villes: tram de l’égalité, tram des femmes syndiquées, tram contre les violences faites aux femmes. En fin de journée des rassemblements et marches à travers les rues seront organisées dans toute la Suisse. Du matin au soir, les femmes martèleront sur tous les tons et avec force imagination que 33 ans après l’introduction de leur droit à participer aux votations ou aux élections et 23 ans après l’ancrage constitutionnel de leur droit à l’égalité, elles ne sont plus prêtes à se laisser évincer de la scène politique ni à accepter que l’égalité se conjugue systématiquement à l’envers. Débats, podium, meetings, fêtes clôrureront cette journée qui se terminera partout par un appel à continuer cette action revendicative et à se mobiliser massivement pour les prochaines échéances (votations et élections).

Les femmes en colère ont lancé leur manifeste en août 2003, en réaction aux lamentables négociations qui se sont faites contre les femmes lors de la 11ème révision de l’AVS, qui leur impose sans aucune contrepartie d’attendre jusqu’à 65 ans (une année de plus) pour avoir un droit à la retraite, qui supprime la rente pour les veuves sans enfants et qui ne prévoit l’adaptation des rentes au renchérissement que tous les trois ans. En tout 872 millions de francs presque entièrement économisés sur le dos des femmes. Leur colère, largement relayée au sein des syndicats, a permis de créer un premier rapport de force qui s’est exprimé lors de la manifestation de septembre 2003, et mieux encore lors de la récolte du référendum contre la 11ème révisions de l’AVS, abouti en 48 heures (du jamais vu!).

Les prémisses pour gagner la votation du 16 mai sont posées, mais les femmes organisées en sont conscientes: seule une action continue d’ici au 16 mai donne une chance de l’emporter sur les campagnes mensongères et alarmistes que Couchepin et la droite mènent à grands frais pour faire croire qu’il en va de la survie de l’AVS. Il en ira de même pour l’assurance maternité. C’est pourquoi la coordination du 31 janvier n’a pas longtemps hésité à accepter la proposition d’une femme de Lausanne venue «à titre individuel» proposer qu’entre le 8 mars et le 10 décembre les femmes organisent, par deux et à tour de rôle, une veille sur la place fédrale à Berne, 24 heures sur 24 afin de montrer que cette fois, les femmes ne se laisseront pas faire et qu’elles se mobiliseront aussi longtemps que nécessaire pour faire entendre leurs voix et faire respecter leurs droits. Seule condition pour participer à cette «veille des femmes» souscrire à la plateforme commune adoptée par la coordination nationale qui prépare le 8 mars 2004.

Durant toute l’année les femmes resteront donc mobilisées pour conquérir le terrain politique qu’on leur refuse, pour tenter de gagner les votations contre la 11ème révision de l’AVS (16 mai) et pour l’assurance maternité (septembre 2004), mais aussi pour mieux défendre les femmes immigrées et réfugiées, qui restent en Suisse comme ailleurs, les plus discirminées, les moins écoutées, les plus exposées à la répression et à la pauvreté.

Marianne EBEL